C'est désormais officiel : le numéro deux du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), Amari Saïfi, alias Abderrezak le Para, détenu par les rebelles du MDJT depuis la mi-mars, sera extradé prochainement vers l'Algérie. Ce n'est pas Alger qui le confirme, mais l'Administration américaine. Dans un communiqué rendu public, hier, l'ambassade américaine à Alger, citant le porte-parole du département d'Etat américain, Richard Boucher, suggère en demi-mots que le responsable du GSPC va être récupéré par Alger dans les prochaines semaines, voire peut-être même dans les prochains jours. “Il a été rapporté qu'un groupe armé de la rébellion tchadienne, le MDJT, détient Saïfi Amari, plus connu sous le nom d'Abderrezak le Para, le chef de l'organisation terroriste algérienne, le GSPC, classé comme organisation terroriste étrangère. Le Para est recherché pour des activités terroristes et criminelles dont le rapt des touristes européens en Algérie, suivi du décès d'un des otages l'année dernière. Le Para et ses complices doivent être remis aux autorités algériennes dans les meilleurs délais afin d'être jugés sur la base des charges qui pèsent contre eux”, a indiqué Richard Boucher lors d'un point de presse tenu le 17 juin 2004. On l'aura sans doute relevé, l'usage du vocable “doivent” chez les Américains, au-delà qu'il distille les relents de l'injonction et de la pression, sonne comme une exigence. Mais mieux encore : autant l'Administration américaine confirme que le Para n'a pas été libéré contrairement à ce qui a été rapporté récemment par certains médias étrangers, autant elle précise le lieu de la destination du responsable du GSPC et du sort qui doit lui être réservé. Voilà donc qui met fin aux supputations et autres conjectures. Jusqu'à un passé récent, en effet, beaucoup d'observateurs s'interrogeaient sur le sort du représentant d'Al-Qaïda au Sahel. Sous le coup d'un mandat d'arrêt international lancé par l'Allemagne, condamné par contumace par la justice algérienne, l'encombrant terroriste intéressait autant les Américains, que les Algériens, les Allemands et un degré moindre la Libye. “Nous allons étudier toutes les propositions qui nous seront faites par les gouvernements intéressés”, avait déclaré une source proche du MDJT à Liberté le 18 mai dernier. Dans un entretien accordé à notre journal, publié le jeudi 27 mai, Mahamat Mahdi, vice-représentant du MDJT à l'extérieur a confirmé que son mouvement avait entamé des négociations avec des responsables militaires algériens pour l'extradition du Para. “Mais les discussions s'étaient heurtées sur un problème technique : comment transférer les personnes détenues chez nous ? Nous avons proposé aux Algériens de venir les chercher directement de nos bases au Tchad. Mais le gouvernement algérien, ne voulant pas transgresser le droit international, nous a demandé de lui livrer les prisonniers à la frontière nigérienne. Mais nous sommes dans l'incapacité de répondre favorablement car la zone du Tibesti et la frontière avec l'Algérie sont très dangereuses”, avait indiqué ce responsable. Il avait également confirmé qu'ils avaient contacté tous les pays concernés par “cette affaire” et qu'aucune demande d'extradition ne leur avait été formulée. Mais il a laissé entendre qu'Alger avait montré de réelles dispositions pour récupérer le Para et ses sbires. “Oui, je crois qu'il y a une réelle volonté des Algériens de récupérer les personnes que nous détenons pour les juger en Algérie”, avait-il dit. Une journée auparavant c'est le quotidien Le Monde qui relevait l'embarras des pays concernés par la capture du Para. Sous le titre “Le Para, le chef islamiste dont personne ne veut”, le quotidien du soir parisien, citant des sources proches du mouvement rebelle, s'attarde sur la complexité de l'extradition du Para. Il est vrai qu'aux yeux des gouvernements, il était impensable de négocier avec un mouvement non reconnu au risque de provoquer d'une part le régime officiel tchadien et, d'autre part, de violer le droit international. Une semaine plus tard, c'est RFI qui lance un véritable pavé dans la mare. La radio française annonce, en effet, que le responsable du GSPC et ses acolytes ont été libérés par ses ravisseurs en échange d'une rançon de 200 000 euros versés par le GSPC. Une information vite démentie par des responsables du MDJT quelques jours plus tard. Il aura donc fallu attendre cette confirmation de Boucher pour lever le voile sur l'énigme le Para. Reste à savoir maintenant comment sera organisée l'extradition. Encore… une énigme. K. K. Capture de Nabil Sahraoui La satisfaction du département d'Etat L'ambassadeur des Etats-Unis à Alger, Richard W. Erdman, a réagi, hier, à l'annonce de l'élimination de la direction du GSPC en déclarant que “les Etats-Unis et l'Algérie ont mené une lutte commune contre le terrorisme”. Et d'ajouter : “Nous accueillons favorablement tout progrès enregistré dans ce combat, là où il est mené.” R. N.