L'archevêché d'Oran a célébré, ce week-end, le 10ème anniversaire de la disparition tragique de monseigneur Pierre Claverie, assassiné le 1er août 1996 suite à l'explosion d'une bombe posée près du diocèse, à Saint Eugène. Ce lieu, rebaptisé depuis centre Pierre Claverie, a organisé deux journées commémoratives auxquelles une assistance multiconfessionnelle a pris part. Monseigneur Tessier, archevêque d'Alger, a apporté son témoignage personnel sur Pierre Claverie en disant : « La première étape que nous avons vécue ensemble est celle de l'apprentissage de la langue arabes chez les sœurs libanaises, en 1967, au centre d'études pédagogiques arabe. Ces sessions avaient une dimension culturelle et éducative qui nous ont permis d'approfondir nos relations avec les algériens ». Dans ce contexte, l'intervenant a saisi l'occasion pour exprimer sa pensée géopolitique relative au monde arabe, tout en disant : « En tant que chrétiens, nous souhaitons que l'église demeure dans la société algérienne pour que les chrétiens apprennent à vivre parmi des musulmans, mais aussi pour que les algériens puissent rencontrer des chrétiens, au delà des préjugés de l'histoire ou de toute propagande, puisque qu'il n'y a presque pas de chrétiens algériens. » Il ajoutera par ailleurs que les chrétiens qui viennent en Algérie doivent d'abord trouver des occasions de rencontrer des algériens et nouer des liens d'amitié. Monseigneur Tessier considère que sans cela, rien ne peut se faire. Il a insisté, également, sur l'importance de nouer des liens avec le moyen orient, en déclarant que « les chrétiens européens qui viennent au Maghreb, sont appelés à découvrir le moyen orient pour qu'ils s'imprégner de la culture arabo-musulmane et du christianisme arabe. » A ce propos, l'interlocuteur a cité son expérience avec Claverie au Liban où les sœurs libanaises avaient aidé ce dernier à s'intégrer dans la culture arabe. Concernant Claverie, il dira : « Dès son arrivée à Alger, il a été impliqué dans une réflexion islamo-chretienne ». De son côté, le sociologue Hassan Ramoun a longuement parlé du parcours de Pierre Claverie : « j'ai rencontré cet homme de paix et de tolérance dans pas mal de rencontres scientifiques, il était toujours un homme calme et humain, ce Pied noir a voulu rester dans le pays après l'indépendance, et mêmes dans les moments les plus cruelles qu'a connus l'Algérie »