Le centre Pierre Claverie de l'évêché d'Oran a abrité jeudi après-midi une conférence-débat sur le thème général de la Déclaration des droits de l'homme organisée par la section d'Oran de la Fondation Emir Abdelkader, dont le président, le Dr Chamyl Boutaleb, a entretenu longuement l'assistance sur les faits et gestes de l'Emir durant la guerre de résistance menée contre les forces d'occupation. « Abdelkader : Précurseur de la Convention de Genève sur les prisonniers de guerre - initiateur du premier dialogue islamo-chrétien », tel était le titre de cette communication qui a été précédée par la projection d'un film-documentaire sur la vie et l'œuvre du fondateur du premier Etat algérien moderne. Auparavant, le représentant de l'évêché d'Oran a invité le public à observer une minute de silence à la mémoire des victimes du double attentat du 11 décembre à Alger. D'ailleurs, dans cet édifice religieux est enterré monseigneur Pierre Claverie, évêque d'Oran (1981-1996), lâchement assassiné par le terrorisme en 1996 devant la porte de sa maison à Haï Al-Maqqari (ex-St-Eugène). L'orateur n'a pas manqué également de rappeler les qualités morales, intellectuelles et religieuses de l'Emir Abdelkader dont l'Algérie fête le 100e anniversaire de sa naissance. Lui succédant, le président de la section d'Oran s'est attardé longuement sur l'itinéraire de ce jeune combattant qui fut proclamé, à l'âge de 24 ans, émir, le 21 novembre 1832, à Ghriss (Mascara), pour diriger le combat contre les garnisons du corps expéditionnaire français, lorsque le pays fut envahi le 5 juillet 1830. Les célèbres batailles remportées avec succès par les combattants de l'Emir, les initiatives prises pour asseoir les fondements de l'Etat, la réorganisation administrative des régions, la frappe de la monnaie, les impôts, le développement des secteurs de l'industrie et de l'agriculture, telles sont les autres actions à l'initiative de l'Emir Abdelkader qu'il a menées, parallèlement aux activités militaires, sans oublier ses moments de retraite spirituelle et de lecture dans sa riche bibliothèque itinérante. L'arrêt des combats après quinze années de sanglantes confrontations avec l'armée coloniale, ses années de captivité en France et son exil en Syrie ont été largement rapportés par le conférencier qui a enrichi son intervention par les témoignages d'hommes de lettres, des militaires de haut rang et surtout par les hommes de l'Eglise chrétienne qui ont loué, à l'époque, les actions humanitaires de l'Emir en faveur des prisonniers de guerre et surtout du sauvetage de 12 000 chrétiens de Damas, menacés de mort par la communauté druze. D'ailleurs, c'est dans cet esprit que maître Doubla Mohamed, membre de la fondation, avait proposé de faire la lecture d'une longue lettre de l'Emir Abdelkader à monseigneur Pavy, évêque d'Alger. Les débats n'ont malheureusement pas apporté d'éclairages nouveaux sur cet aspect de la vie et l'œuvre de celui que les Français surnommaient « le Sultan aux yeux bleus », quand l'Emir et sa famille étaient en captivité à Pau et au château d'Amboise. A noter que le centre Pierre Claverie organisera le 17 janvier 2008 une autre rencontre sur l'ethnologue « Germaine Tillion et l'Algérie », qui a séjourné en Algérie entre 1934 et 1940 pour des travaux de sociologie.