Les autorités locales visent la récupération des terres agricoles pour lancer des projets de développement. Située à 25 km du chef-lieu de la wilaya d'Alger, la commune de Ouled Chebel connaît un terrible manque de foncier. Promue au rang de commune en 1987, elle reste dépourvue des infrastructures de base. Devant l'inexistence d'une gare routière, les bus desservant cette commune provenant de Birtouta stationnent de manière anarchique. Les arrêts sont aléatoires suivant la demande des passagers.«A chaque fois que j'entends le nom de ces arrêts, un fou rire me gagne. Le bus s'arrête à El Hadjra, qui tient son nom d'un rocher qui existait à une certaine époque ; à Kherrouba faisant allusion à un gigantesque caroubier, ou à El poste qui n'est autre qu'un poste électrique», déclare Smaïl, un quadragénaire, fonctionnaire à Birtouta. Après avoir déposé les voyageurs à ces arrêts improvisés, les bus se sont créé un terminus en plein centre-ville en face d'un café maure et de l'ancien dispensaire.Pire encore, l'absence d'une polyclinique se fait lourdement sentir. Bien qu'ils soient acceptables, les services offerts par cet établissement de santé de proximité sont loin de suffire et de satisfaire la demande de la population locale en perpétuel accroissement. «Si un accouchement survient à une heure tardive, nous sommes obligés de nous rendre à Chebli ou Boufarik dans la wilaya de Blida. L'EHS dont dispose notre bled ne dispose pas d'un service de maternité», rétorque Baya, une jeune maman.Ce qui aggrave encore la situation, c'est l'extension immobilière houleuse que connaît cette commune à vocation agricole. De nouveaux lotissements voire des quartiers entiers poussent comme des champignons. «La plupart des terrains à Ouled Chebel appartiennent à des privés. Ils les vendent comme bon leur semble et les nouveaux propriétaires y construisent dans l'anarchie. Il est vrai que la loi n°08-15 fixant les règles de mise en conformité des constructions et de leur achèvement va régler le problème de ces constructions illicites, mais en l'absence de foncier nous ne pouvons répondre positivement aux demandes de ces nouveaux citoyens dont les quêtes ne tarderont pas à se faire entendre», se désole Bessakhi Mohamed, P/APC de Ouled Chebel. Selon ses propos, l'unique solution à ce problème est la révision du Plan directeur d'aménagement et d'urbanisme (PDAU) et la récupération des parcelles de terrains agricoles pour y construire ces infrastructures tant demandées par la population locale. D'après ce premier responsable de la commune, une volonté émanant de la wilaya d'Alger de réviser ce PDAU existe et même les procédures sont lancées. Concrètement, rien n'est perceptible sur le terrain. La plupart des projets lancés sont programmés dans la nouvelle ville de Chaïbia, condamnant ainsi l'ancienne ville de Ouled Chebel à l'isolement. Les 20 000 habitants qui y résident de père en fils se sentent en marge des préoccupations des autorités. «On dirait que ces responsables nous obligent indirectement à quitter nos terres et nos biens vers cette nouvelle ville pour pouvoir bénéficier de nos droits. Sinon, il ne nous reste qu'à prendre notre mal en patience en attendant des jours meilleurs», s'écrie Abdelkader, quinquagénaire natif de Ouled Chebel.