«Il n'est pas encore né celui qui me fera taire, j'ai survécu au parti unique et à la prison, ce n'est pas un petit groupe de chômeurs qui me briseront, faqou». Elle continuera ainsi pendant 80 minutes, toute souriante, la voix rauque, un collier de perles éblouissant et buvant une eau glacée gorgée après gorgée, malgré des problèmes de sonorisation, Hanoune terminera jusqu'au bout son discours entrecoupé tantôt de «Louisa dégage» et autres «Louisa Présidente». Les chômeurs ont tenu parole , ils ont pu accéder à la salle Sedrata où devait se tenir le farewell meeting de cette campagne électorale. Un meeting éprouvant, autant pour la candidate que pour les chômeurs, l'assistance et… la police appelée en renfort pendant et après le rassemblement pour assurer une sortie sécurisée à la candidate. Conspuée par un groupe de chômeurs installés au beau milieu de la salle Sedrata, applaudie par ses militants venus majoritairement de Ghardaïa, Touggourt, Djemaâ et Meghaïer, mais aussi par de nombreux citoyens et citoyennes de Ouargla qui ont répondu présents au meeting de la présidente du Parti des travailleurs, c'est la Louisa militante et combative qui a déroulé le grand jeu à Ouargla. Une occasion en or que celle offerte par ces jeunes chômeurs relayés par des lycéens en fin de parcours dont Hanoune a tout de suite voulu démonter la verve et le courroux apparent, prenant sur elle les attaques verbales de ceux qui voulaient à tout prix l'empêcher de tenir son dernier meeting de campagne pour la présidentielle du 17 avril 2014. «Sahra belvisa ya Louisa» Entrés en catimini dans la salle, ceux qui ont voulu se munir de banderoles ou affichettes anti-Hanoune se sont vu confisquer leur matériel de propagande. Abdelmalek Ibek Ag Sahli, coordinateur général de la CNDDC sera neutralisé à l'entrée de la salle. Il sera emmené par des agents vers un fourgon de police avant d'être conduit au siège de la sureté de wilaya pour etre auditionné. Il sera relâché une heure plus tard, après le départ de Hanoune. Ses amis se sont évertués à siffler, chahuter et hurler des messages contre la présidente du Parti des travailleurs «Sahra bel visa, lik bark ya Louisa», «chiyatine, chiyatine wiygoulou mounadiline», «je demande mon droit, donc je suis un traître», «Louisa : dégage de Ouargla». Intelligence avec l'étranger Finalement, Hanoune n'a pas dérogé à sa position anti-chômeurs datant de la Milyonia de 2014. Elle dira que les organisateurs de cette marche ont prouvé leur nationalisme tout en accusant les membres de la CNDDC de cupidité, d'être payés pour détourner les gens des vrais problèmes, de travailler pour le candidat qui vient d'appeler au désordre en cas de défaite et qu'elle ne nommera pas. Convaincue que les chômeurs exigeaient un visa d'entrée au Sahara, donc soutenaient forcément l'idée d'une scission du pays, la candidate à la magistrature suprême prendra toute la latitude nécessaire pour enfoncer Ibek et ses acolytes qu'elle accuse d'œuvrer à appliquer des agendas occultes, d'intelligence avec l'étranger et de toucher des enveloppes sous le comptoir. Elle citera coup sur coup le Maroc, Freedom House, la CIA et un candidat prêchant la violence. Présidente, je pardonnerai A cor et à cri, d'une intensité contrastant avec tous les meetings tenus jusque-là, celui de Hanoune aura été celui du show politique, de l'endurance et de la combativité. Pour les amateurs de surprises, les chômeurs ont réussi l'éclat en maintenant la pression jusqu'à la fin, bien que peu nombreux, une minorité inoffensive par rapport à la salle pleine à craquer et entièrement acquise à Louisa Hanoune. Cette dernière a battu son propre record, de l'aveu même de son disciple, elle a également battu le record de tous les autres candidats avec plus de 80 minutes de causerie politique. Tout son programme, ses objectifs, ses engagements seront passés en revue dans une attitude de défi aux chômeurs qui la sommaient de quitter la scène sans dire mot, de s'excuser auprès d'eux pour l'offense d'il y a un an tout au plus. Louisa Raissa, scandait la salle, et Louisa affichant et remerciant Ouargla pour tant de chaleur et d'enthousiasme, s'adresse au chômeurs : «Entendez-vous ces bonnes gens, je serai Présidente et je vous pardonnerai, je vous offrirai de vrais postes, vous serez libres de critiquer, de manifester. Je comprends que vous ayez été privés de liberté, de démocratie, je serai Présidente et nous édifierons ensemble la 2e République ».