Cette immense étendue connaît des incendies à répétition, des défrichements, le surpâturage et une urbanisation anarchique, dont les répercussions ne sont pas sans gravité sur l'écosystème. Le projet initié par le ministère de l'Environnement dans le but de classer aire protégée l'immense étendue allant du Cap Bougaroune, à Collo, jusqu'à Oued Z'hor, aux limites frontalières entre Skikda et Jijel, est désormais passé à sa vitesse de croisière. Une nouvelle phase de l'étude de ce projet, la troisième, a été présentée dernièrement et a permis aux membres du bureau d'étude Envi-Consult de Béjaïa de mettre en exergue les différentes contraintes et menaces qui pèsent à ce jour sur cette aire. «Cette troisième phase intervient après celle relative au diagnostic écologique et socio-économique qui a été présentée en février dernier. Aujourd'hui, il ne nous reste qu'à parvenir à la quatrième phase du projet, qui aura essentiellement à élaborer un plan de gestion et nous pourrons alors enclencher les procédures d'usage en lançant les appels d'offres pour mettre en pratique les outils de préservation de cette aire», explique un cadre de la direction de l'environnement. Lors de la présentation de la troisième phase, les experts du bureau d'étude ont permis aux membres du comité de pilotage d'identifier les contraintes et les menaces qui pèsent sur cette aire. «On se devait d'évoquer ces menaces pour mieux définir par la suite les priorités et pour ébaucher la dernière phase du projet qui aura à définir le schéma directeur de la gestion et de la préservation de cette aire qui reste immense, faut-il le rappeler, par son étendue», ajoute la même source. Un fait qui a été conforté par Rafik Baba-Ahmed, universitaire et membre de l'équipe scientifique du bureau Envi-Cosult, qui estime d'emblée que cette immense étendue qui englobe huit communes, Collo, Béni Zid, Chraïa, Zitouna, Kenouaâ, OuledAttia, KhenakMayoune et Oued Z'hor, «encourage en fait la présence d'une grande biodiversité d'un côté, et d'un autre côté, aussi, elle représente un terrain pouvant être propice à la prolifération de plusieurs menaces». Il explique que « la zone de l'étude subit des contraintes de plus en plus intenses qui sont surtout d'ordre anthropique (incendies, défrichements, surpâturage, urbanisation anarchique dont les répercussions ne sont pas sans gravité». A ce sujet, l'étude énumère plusieurs conséquences telles que «la forte dégradation des milieux naturels, affectant durement les paysages et menaçant sérieusement leur biodiversité, la régression des surfaces forestières, la baisse de la productivité des écosystèmes, la détérioration des conditions de vie des populations rurales et, enfin, l'occupation inadéquate de l'espace». Pour Rafik Baba-Ahmed, l'identification des dangers et des menaces qui pèsent sur cette aire était indispensable pour pouvoir y remédier. «Lors de la prochaine phase, relative au plan de gestion, des ateliers seront créés et une large concertation avec l'ensemble des populations et des responsables concernés sera mise en pratique pour définir les priorités, élaborer un schéma directeur de gestion et présenter aussi un ensemble de recommandations. Cette aire est magnifique et il nous appartient de la préserver alors qu'il en est encore temps», notera-t-il.