Le grand écrivain colombien, Gabriel Garcia Marquez, a été admis le 31 mars dernier à l'hôpital Salvador Zubiran, à Mexico. Il souffre d'une infection pulmonaire aiguë. Aux dernières nouvelle, son état est stationnaire. Nous lui souhaitons un prompt rétablissement. Il est de notre devoir de rendre un vibrant hommage au prix Nobel de littérature (1982). Agé aujourd'hui de 87ans, Gabriel Garcia Marquez est un grand ami du peuple algérien. Militant de gauche, patriote et ennemi juré des dictateurs, il s'exile à Paris au début des années 1950. «L'atmosphère était polluée, l'air était irrespirable, seuls les dictateurs détenaient l'oxygène dans l'Amérique latine des années 1950.» (Dixit G. G. Marquez). A Paris, Gabriel Garcia Marquez fréquentait les milieux de gauche, les militants du Tiers-Monde. Il connut les Algériens et sympathisa tout de suite avec leur cause : la guerre d'Algérie faisait rage en 1958. «Il ne se passait pas un jour sans que la police parisienne ne vérifie mes papiers. J'avais un faciès ‘‘algérien'' ! », disait G. G. Marquez avec humour. Pendant les sanglantes ratonnades du sinistre Papon, il fut interpellé par la police parisienne le 18 octobre 1961. Il passa trois jours en prison. «Il y avait 20 Algériens avec moi. La cellule ne dépassait pas les 16m2. On dormait à tour de rôle. Certains Algériens étaient blessés à la tête, au visage ou avaient des vêtements ensanglantés», racontait-il à Chérif Boumaâza en 1963.(1) Après l'indépendance de l'Algérie en 1962, G. G. Marquez fut invité plusieurs fois par le gouvernement algérien. Il avait à l'époque un passeport cubain. Il assista aux commémorations du dixième (1964), du vingtième (1974) et du trentième anniversaire de la Révolution du 1er Novembre 1954. En 1981, G. G. Marquez raconta dans la préface de son célèbre roman, Chronique d'une mort annoncée, que l'inspiration de ce livre lui est venue alors qu'il attendait le vol Paris-Alger dans le salon d'honneur de l'aéroport Houari Boumediène.(2) Pour tous les hommes épris de justice et de liberté, G. G. Marquez est synonyme de courage et de probité. Il a toujours fait preuve d'un courage et d'une constance admirables. En plus de leur valeur littéraire presque inégalée, ses romans sont aussi des diatribes fulgurantes contre toutes les formes de dictature. «Les dictateurs croient prévoir et commander, en réalité tout dépend de l'action fortuite d'un exécutant, ou bien du mouvement des masses qui soulève ou qui abat à l'improviste et à la fois des armées entières. Les principaux acteurs de tous les événements ce sont les masses.» Cette déclaration de G. G. Marquez en 1970 est déjà une maxime universelle.
1)- Journal Echaâb du 2/11/1963. 2)- 4/11/1980 selon le défunt Med Seddik Benyahia.