Surnommé «Citizen Cannes», Gilles Jacob, président du Festival de Cannes, se retire après 35 ans de bons et loyaux services, le 25 mai prochain, au terme de la 67e édition. Son nom est indissociable du Festival de Cannes, comme le «Bunker» (Palais du festival), la montée des marches, la Croisette... Durant sa longue présidence, Gilles Jacob a contribué avec succès à changer le visage du festival en créant de nouvelles sections : la Caméra d'or, Un Certain Regard, Cinéfondation, l'Atelier, Cannes Classics, Tous les Cinémas du monde, le Village international... Il a tissé des liens très forts avec les producteurs, les cinéastes, les acteurs du monde entier qu'il a aidés à montrer leurs films. Grâce à un service de presse performant, dont le travail est copié partout ailleurs, le Festival de Cannes, sous la présidence de Gilles Jacob, lui-même ancien journaliste et brillant critique de cinéma, a su médiatiser et insuffler une couverture planétaire de la manifestion. Le festival reçoit plus de 4000 journalistes, sans doute autant que les Jeux olympiques ou la Coupe du monde de football. Dans quelques jours, dans le salon d'un palace parisien, Gilles Jacob donnera sa dernière conférence de presse, en compagnie de Thierry Frémaux, délégué général, pour présenter le programme du 67e Festival de Cannes (14-25 mai). Le bureau de presse de Christine Aimé a déjà diffusé les premières informations. On sait déjà que la réalisatrice néo-zélandaise, Jane Campion, présidera le jury international. C'est la seule cinéaste femme et Palme d'or à Cannes pour La Leçon de piano, en 1993. Elle avait, en 1986, obtenu la même haute distinction dans la catégorie court métrage. Le très brillant cinéaste argentin, Pablo Tapiéro, présidera le jury d'Un Certain Regard. Un des meilleurs cinéastes d'Argentine, Tapiéro, a projeté à Cannes Leonara (2008, compétition), Carancho (2010) et Elefante blanco (2012), Un Certain Regard. Grace de Monaco, film d'Olivier Dahan, avec Nicole Kidman, sera projeté en ouverture officielle. C'est l'histoire du mariage de Grace Kelly avec Rainier de Monaco en 1956. Marion Cottillard, remarquable dans La Môme réalisé par Olivier Dahan, a remporté l'Oscar de la meilleurs actrice en 2008. Party Girl, pour l'ouverture d'Un Certain regard, est réalisé par trois jeunes cinéastes français issus de la Femis : Marie Amachoukli, Claire Burger et Samuel Thies. C'est la chronique de la vie d'Angélique, 60 ans, entraîneuse dans un bar de nuit. Dans son livre paru en 2009, La Vie passera comme un rêve, éditions Robert Laffont, Gilles Jacob définit ainsi son festival : «Ce sont des films, plus des drames. Des drames qui se révèlent n'être en définitive que de minuscules péripéties. Sur la Croisette, cette définition se vérifie plus encore : des films du monde entier, des drames à caractères frénétiques auxquels il faut ajouter les délices de la Côte d'Azur». Présider pendant si longtemps le festival de Cannes cela a permis à Gilles Jacob, qui a voyagé partout à la recherche de films, d'explorer à fond les dédales de la cinématographie mondiale, mais aussi un véritable casse-tête chaque année quand il reçoit les stars et les grands cinéastes. Gilles Jacob, qui a aussi fait des documentaires et écrit d'autres livres (Les visiteurs de Cannes, Le cinéma moderne), a photographié quasiment tous les jours ce qui se passait sur la Croisette et accumulé un matériau vivant et drôle de portraits dans les coulisses du festival. Cette «foire des vanités».