Les Mauritaniens sont invités aujourd'hui à un référendum sur la nouvelle Constitution, première étape d'un processus de transition, dont l'objectif principal vise l'alternance pacifique au pouvoir. Il s'agit d'amendements qui sont apportés à la Constitution du 20 juillet 1991. Le principal amendement consacre, notamment, le principe de la réélection du président de la République une seule fois ; le mandat étant de 5 ans (articles 26 et 28). L'autre nouveauté dans la Constitution réside dans le fait qu'aucune procédure ne peut remettre en cause le principe de deux mandats au maximum pour le président de la République (article 99). Les amendements précisent, également, que le Premier ministre n'est pas responsable devant le Parlement, il tient son pouvoir du seul président de la République qui le nomme et le révoque. L'Alliance pour la justice et la démocratie (AJD) est l'un des rares partis mauritaniens à déclarer son rejet de la Constitution amendée, la plupart des formations politiques ayant proclamé ou manifesté publiquement leur soutien à la nouvelle loi fondamentale depuis le début de la campagne le 10 juin. L'AJD a expliqué sa position par « l'insuffisance des amendements » apportés à l'ancienne loi fondamentale, notamment l'absence de références au droit des communautés et à l'esclavage. Ce parti a aussi appelé à l'officialisation des langues nationales (ndlr : le pulaar, le wolof et le soninké). Les leaders des ex-principaux partis d'opposition en Mauritanie, le gouvernement de transition et le Conseil militaire pour la justice (CMJD), initiateur de cette révision, ont appelé à voter par « oui » en faveur des amendements constitutionnels, malgré les réserves de certains d'entre eux sur la non prise en considération de leurs revendications dans les amendements constitutionnels proposés. Le Conseil exécutif du parti de la coalition populaire progressiste, considéré comme l'une des formations politiques mauritaniennes les plus importantes issues de l'ancienne opposition, a répondu favorablement à l'appel lancé aux Mauritaniens pour voter en faveur de cette révision constitutionnelle. Le chef de ce parti, Massoud Ould Bou Al Khair, a regretté toutefois que les propositions de son parti n'aient pas été insérées dans le cadre de la révision de la Constitution en Mauritanie. Le gouvernement mauritanien considère qu'il est de son devoir d'appeler au vote massif en faveur de cette Constitution et de défendre les amendements constitutionnels qui constituent la pierre angulaire du changement survenu le 3 août 2005. Il considère que la Constitution révisée est la pièce maîtresse de l'actuelle étape de transition en cours dans le pays et le pilier du changement du régime politique qui le mènera vers un régime démocratique garant d'une alternance pacifique au pouvoir. Cette Constitution, révisée, suscite également un grand appui de la part des hommes politiques et des intellectuels. Selon les observateurs, le texte proposé contribuera à la consolidation du processus de transition pacifique et d'alternance au pouvoir, surtout après le climat de tension et des nombreuses tentatives de coup d'Etat que le pays a connues lors des trois dernières années. Outre le référendum d'aujourd'hui, l'agenda électoral mauritanien prévoit encore trois autre élections. Les Mauritaniens seront appelés en novembre prochain pour des élections législatives et municipales, en janvier 2007 pour des sénatoriales et en mars de la même année pour une présidentielle, étape mettant fin à celle de transition. A noter que l'ancienne Constitution mauritanienne prévoyait un mandat de 6 ans renouvelable pour plusieurs fois, alors que l'âge du Président n'était pas défini dans cette Constitution adoptée en 1991.