Les Mauritaniens étaient appelés, hier, à voter pour une loi fondamentale qui doit assurer l'alternance politique au pays. Près d'un million de Mauritaniens étaient appelés, hier, à approuver la nouvelle Constitution du pays mise au point par le Comité militaire pour la Justice et la démocratie (Cmjd) moins d'un an après sa prise de pouvoir en août 2005. De fait, les électeurs mauritaniens ont répondu massivement à l'appel du président du Cmjd, Ely Ould Mohamed Vall, en se rendant nombreux aux bureaux de vote. Le chef de l'Etat mauritanien, après avoir voté, a exprimé, en effet, sa confiance dans le fait que la nouvelle loi fondamentale sera massivement votée par le peuple mauritanien en déclarant «C'est un très grand jour et une renaissance pour la Mauritanie (...), je suis certain que tous les Mauritaniens ont le même sentiment, et que, de ce fait, la Constitution sera massivement votée». Le colonel Ely Ould Mohamed Vall, avait jeudi, dans un discours radiotélévisé, appelé ses concitoyens à faire leur devoir électoral, indiquant «Je vous convie à une participation massive au vote en faveur des amendements de la nouvelle Constitution. Il s'agit d'un choix crucial pour notre société et pour le modèle démocratique que nous voulons lui imprimer». Le chef de l'Etat mauritanien a, par ailleurs, souligné que le nouveau projet de la loi fondamentale ne visait pas à «soutenir un pouvoir qui s'installe et s'impose par la force». La confiance de la direction mauritanienne du Cmjd, repose sur le fait que la nouvelle mouture de la Constitution du pays -qui doit remplacer celle établie en 1991 par le pouvoir déchu de Maâouiya Ould Sid Ahmed Taya- a été approuvée par l'ensemble de la classe politique, la société civile et les ONG mauritaniennes, et doit ouvrir une nouvelle ère de liberté et de démocratie pour le peuple mauritanien. L'affluence dans les bureaux de vote constatée, hier, par les observateurs dans la capitale Nouakchott et dans les villes et villages de la province, conforte les nouveaux dirigeants mauritaniens dans la démarche suivie jusqu'ici dans la remise sur les rails du pays en lui donnant des instruments institutionnels à même de lui permettre d'aller vers l'avant. Le Cmjd, estime que la nouvelle Constitution vise à mettre un terme à «plus de vingt ans de pouvoir despotique». En effet, l'ancien président Sid Ahmed Ould Taya, au pouvoir depuis 1984, s'est aménagé une Constitution sur mesure qui lui assure le pouvoir pour une durée indéterminée. La nouvelle Constitution est le résultat d'intenses consultations entre les différents pôles politiques et sociaux (partis, ONG, gouvernement du Cmjd) de Mauritanie qui se sont accordés sur un texte qui prévoit un mandat de cinq ans, renouvelable une seule fois, pour le chef de l'Etat, ce qui, selon ses concepteurs, garantit l'alternance au pouvoir. Cela n'était pas le cas avec l'ancienne loi fondamentale qui accorde un mandat de six ans au président sans aucune limitation. La Constitution que les Mauritaniens sont appelés à voter envisage un régime de type présidentiel, donnant au chef de l'Etat d'importantes prérogatives -dont la désignation du Premier ministre- mais dans le même temps renforce les prérogatives du Parlement en lui octroyant le droit de voter la défiance ou la censure du gouvernement. Dans ce consensus qui semble général autour de la nouvelle Constitution, seules deux petites formations politiques, l'Alliance pour la justice et la démocratie (AJD) et le parti de la «3ème génération» et un mouvement négro-mauritanien en exil -les Forces africaines de libération de la Mauritanie (Flam)- ont appelé au boycott du référendum. De fait, l'humeur était plutôt à l'euphorie, hier, du côté du pouvoir transitoire mauritanien qui se félicitait de la participation massive des électeurs à un scrutin qui s'annonçait crucial pour un pays engagé dans la longue épreuve de redonner le pouvoir au peuple mauritanien et crédibiliser ses dirigeants. Des signes qui ne trompent pas -quant à l'engouement des Mauritaniens pour les changements qui se mettent en place- est le retrait massif de cartes d'électeurs opéré ces derniers jours tant dans la capitale Nouakchott que dans la province. Ce qui fait dire au responsable de la promotion de la démocratie au ministère mauritanien de l'Intérieur, Sidi Yeslem Ould Amar Cheine, à la veille du vote, qu'il s'attendait à une participation électorale de plus de 80%, pronostic confirmé par l'affluence dans les bureaux de vote. En mettant en place, moins d'un an après sa prise de pouvoir, un processus de démocratisation du pays, le Cmjd mauritanien a rompu avec les pratiques, toujours en vigueur, dans nombre de pays arabes et africains, et tenu les promesses données en août 2005 lorsqu'il mit un terme au pouvoir régalien de l'ancien président Maâouiya Ould Sid Ahmed Taya.