La lutte contre l'exclusion sous toutes ses formes constitue un défi majeur pour les pouvoirs publics. C'est ainsi que tous les grands programmes socio-économiques initiés depuis que l'Algérie est devenue riche visent à éliminer la précarité et l'éviction de la population en mal de logement, d'emploi et de revenus. Cependant, le phénomène d'exclusion financière qui est considéré sous d'autres cieux comme l'échec d'un modèle de société ne semble pas revêtir la même signification en Algérie. Il prend plutôt rang parmi les contraintes de la bancarisation de la population. Il est vrai qu'on ne parle pas beaucoup ou pas suffisamment de cette fracture. La raison de cette absence d'intérêt pour cette question n'est certainement pas liée aux difficultés d'accès d'une partie de la population aux services bancaires. Il se trouve que l'utilisation des moyens de paiements ne devient obligatoire que si une contrainte légale est à la base. Pour le reste, les transactions de quelque nature que ce soit et sans limite de montant se font en espèces et continueront à se faire en espèce tant que les acteurs de l'économie n'y voient pas d'inconvénient. C'est pourquoi l'exclusion financière en Algérie n'est pas ressentie comme telle parce que le passage par le système bancaire n'est pas dans l'état actuel du fonctionnement de l'économie une nécessité voire un fait de société. Les pouvoirs publics ont pris un train de mesure pour lutter contre le chômage par exemple en faisant bénéficier les différentes catégories de la population (jeunes, moins jeunes, travailleurs compressés, etc..) de programmes d'aide à l'embauche, à la réinsertion ou à la création d'entreprises, ce qui représente un immense progrès par rapport à la situation antérieure ou tous les efforts de l'Etat étaient concentrés sur les entrepreneurs en activité ou en voie de l'être. L'élargissement de la base sociale éligible à l'aide de l'Etat s'est même faite en direction des populations réellement démunies et de ce fait exclues du système par la mise en place du micro crédit à travers des impulsions administratives, faute de mieux. Lorsque on évalue les efforts entrepris ces dernières années par les pouvoirs publics pour moderniser les infrastructures financières et les progrès enregistrés par les banques pour offrir une qualité de service proche des standards internationaux, on reste perplexe devant le faible niveau de bancarisation de la population. Les évaluations effectuées empiriquement donnent à l'excès quelque chose comme quinze millions de comptes bancaires en fonctionnement dont six millions pour les comptes de chèques postaux. C'est peu pour une population totale estimée à 32 millions d'habitants. Toutes ces actions et elles sont nombreuses n'ont finalement permis que de réduire les poches de l'exclusion sociale sans toutefois parvenir à bancariser la population et l'insérer ainsi dans le système bancaire. Il est a relever que l'accès des nouvelles catégories de population aux services bancaires n'a pas été assuré par la création de nouveaux acteurs du système bancaire pour une clientèle à la marge mais de l'obligation faite à des acteurs déjà constitués de servir cette nouvelle clientèle. Force alors est de constater qu'il manque aujourd'hui un ou plusieurs acteurs pour traiter les populations que les acteurs traditionnels ne desservent pas encore pour plusieurs raisons. Les services financiers de la Poste malgré les 3300 agences est leur présence dans les milieux ruraux les plus reculés ne peuvent jouer ce rôle que partiellement car la Poste n'a pas toutes les activités d'une banque et même si elle les avait, il y a fort à parier qu'elle privilégiera les implantations les plus rentables parce que commercialement, elle sera tenue par les critères de performance financière. L'expérience des autres pays qui sont parvenus à bancariser totalement la population et l'économie butent sur les problèmes d'exclusion financière. Face aux difficultés d'accès des exclus aux financements bancaires, ils ont imaginé des dispositifs qui se sont traduits pour certains par la création de nouveaux acteurs spécialisés telles que les " banques sociales" ou autres concepts de banque qui proposent des services bancaires aux populations à revenus faibles ou aux populations dont les croyances ne les poussent pas à aller dans les guichets classiques et pour d'autres, par des investissements accrus en formation afin de permettre à la ressource humaine de maîtriser parfaitement les risques induits par cette catégorie de clientèle, îlot par îlot.