Après un léger repli dû aux inquiétudes sur les risques d'inflation et d'une probable baisse de la demande, les prix du pétrole ont repris leur niveau de 70 dollars le baril, confirmant la tension qui existe sur les marchés. Cette tension qui est alimentée pas plusieurs facteurs haussiers ne semble pas s'estomper. Lors de la présentation, à la mi-juin, de la revue annuelle des statistiques de l'énergie que réalise la compagnie BP, le patron de ce groupe a estimé que la hausse actuelle des prix de l'énergie, avec un baril de pétrole de la qualité du brent de la mer du Nord à 65 dollars environ, était due aux inquiétudes sur la fiabilité de l'approvisionnement. Pourtant, malgré les conflits actuels dans plusieurs régions du monde, le marché ne manque pas de pétrole. Pour Lord Brown, les prix sont élevés parce que les capacités additionnelles sont basses et un grand nombre de pays exportateurs vit des problèmes. Actuellement, selon BP, les capacités additionnelles seraient de 1,8 million de barils par jour, un niveau inférieur à la normale. Toutefois, ces capacités vont remonter à environ 3 millions de barils par jour d'ici 2010. Certains experts considèrent qu'il faut des capacités additionnelles situées entre 4 et 5 millions de barils par jour pour calmer le marché et éviter la spéculation qui gonfle les prix. En plus des tensions qui touchent l'Iran, l'Irak et le Venezuela, la production du Nigeria a été amputée d'environ 500 000 barils par jour. En réalité, le marché fonctionne avec le risque d'une possible pénurie en cas d'aggravation des conflits. Selon la revue de BP, la demande en énergie dans le monde a connu une augmentation de 2,7 % durant l'année 2005. Un baril sur trois de la demande mondiale en pétrole est due à l'augmentation de la consommation en Asie. La consommation de pétrole dans le monde s'est accrue de 1,3 %. Le prix du pétrole a augmenté de 42 % par rapport à 2004, passant à environ 55 dollars pour le brent, soit le prix le plus cher en valeur réelle depuis 1983. Développant sa propre vision de la situation, le patron de BP, Lord John Brown, considère que la situation n'est pas aussi alarmante qu'on ne le croit. Pour lui, "il n'y a pas de pénuries de réserves grâce aux progrès technologiques et à la diversification des ressources". La deuxième semaine du mois de juin avait vu les cours du pétrole reculer en raison d'une évolution positive du conflit entre l'Iran et l'Occident sur le nucléaire. Des déclarations de responsables iraniens qualifiant certains aspects de la proposition occidentale de positives avaient calmé le marché et fait reculer les cours du pétrole de quelques dollars. Vendredi 16 juin, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad avait même qualifié l'offre occidentale d' "un pas en avant ". Le marché a noté la déclaration enregistrant un recul sans toutefois qu'il y ait une baisse de la tension. Le brent était même descendu à moins de 67 dollars (66,64 dollars en séance). Mais la semaine passée, les cours ont repris leur mouvement haussier. Les progrès décelés dans le différend sur le nucléaire ont été annulés par une déclaration du président des Etats-Unis qui a brandi lundi passé la menace de sanctions contre l'Iran si ce pays ne mettait pas fin aux opérations d'enrichissement de l'uranium. Le rejet vendredi par un responsable iranien de la condition de l'enrichissement de l'uranium devrait encore favoriser le mouvement à la hausse. Le mouvement a été aidé aussi par les chiffres hebdomadaires des stocks pétroliers américains. Alors que les analystes tablaient sur une augmentation des stocks d'essence de 1,5 million de barils, la hausse n'a été que 300 000 barils, au moment où la demande en essence sur le marché américain ne connaît pas de répit malgré les prix élevés. Vendredi vers 16 h GMT à New York, le baril de light sweet crude était coté à 71,10 dollars, tandis eu le brent était à 70,26 dollars à Londres. En une semaine, les cours ont repris près de 3 dollars le baril, confirmant leur installation sur le palier des 70 dollars.