Après une accalmie de quelques jours et un recul à moins de 52 dollars à Londres et à moins de 53 dollars le baril à New York, enregistré durant la dernière semaine de mars, les prix du pétrole sont repartis à la hausse dès jeudi dernier. La baisse, qui a eu lieu mercredi, a même fait chuter le brent à Londres à 51,80 dollars le baril. Tandis qu'à New York, le brut a chuté à 52,80 dollars. Cette tendance à la baisse a été principalement le fait de la forte hausse des stocks américains de pétrole brut d'environ 5,4 millions de barils. Toutefois, les stocks d'essence ont enregistré une baisse de 2,9 millions de barils. Ce qui ne devrait pas être sans effet sur les cours à l'approche de l'été, saison où une forte demande est constatée sur le marché américain. La hausse des taux d'intérêt américains d'un demi-point et une légère reprise du dollar par rapport à l'euro ont aidé au recul des prix avec la probabilité d'un désengagement des fonds d'investissements du marché. Mais la publication, jeudi, d'une étude sur le marché pétrolier faite par la banque Goldman Sachs a renversé la tendance en venant rappeler aux différents intervenants les grandes difficultés qui attendent le marché et qui se résument en deux facteurs. Tension L'offre mondiale de pétrole risque de ne pas suffire vers la fin de l'année par rapport à la demande qui reste soutenue et qui est portée principalement par la Chine et les Etats-Unis. Le second facteur est lié au marché interne américain, le plus grand consommateur de pétrole au monde et où les spécifications environnementales en matière de carburant sont très sévères. La publication de cette étude d'une banque cotée à Wall Street a vite fait de ramener les fonds sur le marché et faire grimper les cours. La poussée de jeudi s'est poursuivie durant la journée de vendredi avant la clôture hebdomadaire des marchés. A Londres, le baril de brent s'est même rapproché de son record historique (56,15 dollars le 17 mars dernier) avec une cote à 55,85 dollars en fin d'après-midi. A New York, le Light Sweet Crude s'est rapproché, lui aussi, de son record historique du 17 mars dernier (57,60 dollars) avec une cote en séance à 56,80 dollars. Et, vers 18h50, il a enregistré un nouveau record à 57,70 dollars le baril. La période est théoriquement favorable à une baisse des cours avec la fin de l'hiver et le recul de la demande en fuel pour le chauffage. Mais d'un autre côté, l'approche de la saison estivale, qui débute dans deux mois, doit entraîner une très forte demande en essence. La tension sur l'essence devrait peser sur les prix vu la faiblesse des capacités mondiales de raffinage, notamment aux Etats-Unis, où aucun investissement en la matière n'a été enregistré depuis plus de vingt ans. Cette situation se trouve exacerbée par un manque de pétrole léger sur le marché qui se retrouve inondé de pétrole de qualité lourde et qui n'est pas en adéquation avec les installations existantes et les exigences environnementales de différentes autorités. Selon l'étude de la banque Goldman Sachs, les prix pourraient monter jusqu'à 105 dollars. Ce qui signifie un doublement des prix en quelques mois, alors que les prix ont mis près de quatre ans pour doubler avec un baril à 26 dollars en 2001 et son passage à 50 dollars en 2005. La plus forte prévision en la matière parlait d'un baril à 80 dollars pour une courte durée. « Nous pensons que les prix du pétrole se trouvent au début d'une phase de fortes poussées de fièvre », a indiqué la banque, qui a ajouté aussi que « la résistance des taux de croissance de l'économie et de la demande pétrolière, notamment aux Etats-Unis et en Chine, même après une année au cours de laquelle le pétrole a évolué entre 40 et 50 dollars en moyenne à New York, nous a surpris ». Mais mis à part le chiffre de 100 dollars le baril qu'elle expecte en cas de panne majeure dans une installation ou une région, la banque ne fait que confirmer les calculs qui ont été faits après la révision à la hausse par l'OPEP des prévisions de la demande mondiale de pétrole vers la fin de l'année et la forte probabilité que l'offre en provenance de tous les pays producteurs Opep et non-Opep ne puisse pas y répondre. Et, dans ce cas-là, il sera difficile de prévoir les niveaux des prix qui pourront être enregistrés. Mais ce qui est sûr, c'est que le marché sera secoué durant toute l'année.