Le maintien des prix au-dessus de la barre des 60 dollars est dû selon plusieurs analystes à des inquiétudes qui prévalent sur le marché de l'essence à la veille de la saison des départs en vacances, période qui coïncide avec une consommation importante de carburant, même si les stocks de pétrole brut restent supérieurs à la moyenne de l'année dernière. Selon les chiffres du département américain de l'Energie, les stocks hebdomadaires de pétrole brut ont baissé de 1,3 million de barils alors que certaines prévisions faites par des analystes donnaient une hausse de ces mêmes stocks d'environ 2,8 millions de barils. C'est la première baisse des stocks de pétrole depuis le début du mois de février. Même les stocks d'essence ont connu une baisse, ces derniers ont baissé de 2,3 millions barils, alors qu'il était attendu une baisse de 1 million barils seulement. Quand aux stocks de produits pétroliers distillés, y compris le fioul domestique, ils ont reculé de 0,8 million de barils pour un repli attendu de 2 millions de barils. Si les cours du pétrole ont perdu environ un demi-dollar mercredi après la publication des chiffres des stocks qui ont confirmé leur bon niveau malgré une certain recul durant la semaine passée, le marché s'est de suite rattrapé en prenant en compte la baisse des stocks d'essence et la probabilité d'une tension sur la demande en été. C'est ainsi que les prix du pétrole brut ont pris deux dollars le lendemain jeudi. Ainsi la réaction du marché ne s'est pas fait attendre. Réagissant le lendemain jeudi, les traders ont poussé le baril de pétrole vers le haut de deux dollars après avoir admis que le rapport sur les stocks publié la veille pouvait indiquer une grande tension sur l'essence durant l'été. Du moins, les chiffres qui indiquent un recul des stocks d'essence ont paru assez inquiétants. La baisse des stocks d'essence à la veille de la haute saison des vacances a installé la doute quand à la capacité des raffineries à répondre à la demande surtout que nombre d'entre elles n'ont pas repris leur rythme de croisière après les dégâts occasionnés par les deux cyclones Katrina et Rita. Le phénomène de la tension sur l'essence sur le marché américain à cause des capacités de raffinage est répétitif depuis l'année 2000. Aucun investissement en matière de raffineries n'a été fait depuis 1976 aux Etats-Unis.L'augmentation de la demande mondiale à cause de la croissance économique soutenue a mis au jour le déficit en la matière. De plus, le marché américain connaît un véritable boom en matière de demande vu la croissance économique qui se maintient et se développe. Selon certaines estimations, la demande en essence est en augmentation de 1,6 % par rapport à l'année dernière au moment où les stocks ont connu un recul et alors que les capacités de raffinage ne sont pas au même niveau après les dégâts qui leur ont été occasionnés par les deux cyclones. Cette focalisation sur l'essence pourrait maintenir le marché sous tension et soutenir les prix du pétrole durant quelques mois encore. D'autres facteurs continuent encore de peser sur les prix et principalement les troubles au Nigeria. Après la compagnie Shell, c'est au tour de la compagnie italienne ENI de déclarer le cas de "force majeure", procédure qui lui permet de ne pas honorer ses engagements contractuels vis-à-vis de ses clients. L'ENI a invoqué vendredi un acte de sabotage commis la semaine passée sur un oléoduc dans le delta du Niger au Nigeria et qui a fait chuter la production de pétrole brut de 75 000 barils par jour sur un système de transport avec une part de 13 000 barils pour l'ENI. Au total, ce sont plus de 500 000 barils par jour qui manquent dans la production du Nigeria. Lorsqu'on sait que le pétrole brut du Nigeria à cause de ses qualités est prisé par les raffineurs, cela risque encore de peser sur le marché de l'essence américain. Vendredi en milieu de journée, les prix du pétrole brut se maintenaient au-dessus des 63 dollars le baril aussi bien à New York qu'à Londres. Vers 15 h GMT, à New York, le light sweet crude était coté à 63,58 dollars le baril, tandis qu'à Londres, le brent valait 62,86 dollars le baril.