Le secteur de la santé dans la région de Temassinine accuse un énorme déficit en matière de prise en charge des habitants de cette localité, la plus anciennement habitée du Tassili n'Ajjer l Une réforme profonde de ce secteur est absolument nécessaire. Rattaché à la daïra d'In Amenas, Bordj Omar Driss s'étend sur une superficie de 82 280 km2 et compte plus de 6000 habitants. Cette commune enclavée ne dispose toujours d'une seule polyclinique, relevant de l'EPSP d'In Amenas, à 500 km de là ! Cette structure accueille chaque jour des centaines de patients venus des quatre coins de la commune, de Tahihaout, Ghourd Nouss, El Hamra, Tin Fouyé Tabankourt, Zaouiet Sidi Moussa. Les citoyens sont lourdement pénalisés faute de prise en charge médicale de proximité adéquate. De ce fait, les malades de cette région, dont des femmes, des enfants et des personnes âgées, qui en ont les moyens ou pas, sont systématiquement orientés vers les hôpitaux des wilayas voisines de Ghardaïa ou Ouargla ou carrément vers Alger. Une situation qui oblige le patient à supporter ses douleurs tout au long de ce parcours du combattant. Aucun service spécialisé En raison de l'inexistence totale de médecins spécialistes, la polyclinique ne dispose d'aucun service spécialisé et même pas d'une maternité. Les parturientes de la région ne cessent de réitérer leur vieille doléance à savoir l'ouverture d'une maternité, car ce sont elles qui vivent le véritable calvaire au cours de leur évacuation. Nombreuses sont celles qui accouchent en chemin vers l'hôpital et combien de bébés ont rendu l'âme en cours de route... Le laboratoire manque de réactifs et aucune analyse standard ne peut être effectuée. Les médicaments de première nécessité manquent souvent. A titre d'exemple, le spectrophotomètre, un appareil utilisé dans les analyses, telles que la FNS (formule de numération sanguine) permettant le diagnostic de maladies courantes comme l'anémie, l'inflammation…, est hors d'usage depuis plus de trois mois ! Alors il faut parcourir au minimum 500 km pour accéder au premier laboratoire décent. A cela s'ajoute le manque flagrant de matériel médical nécessaire pour les rondes dans les zones nomades et éparses, sans oublier l'inexistence d'un scanner et autres équipements de radiologie et médicaux. Pas d'ambulance ni de personnel qualifié Pour l'évacuation des malades en cas d'urgence, deux vieilles ambulances existent bien, mais elles tombent souvent en panne, surtout lors des évacuations de malades nécessitant des soins d'urgence. La seule polyclinique dont dispose cette commune souffre d'un manque sévère en personnel paramédical et médecins spécialistes. Les deux salles de soins existant à Zaouiet Sidi Moussa et au chef-lieu de la commune de Bordj Omar Driss ne disposent même pas d'un médecin généraliste pour assurer les consultations et n'ouvrent que durant la matinée. Dans cette optique, d'aucuns pensent que la prise en charge assurée actuellement par des généralistes dans cet établissement sanitaire doit être revalorisée par des mesures extrêmement ambitieuses afin de les encourager à aller de l'avant et les inciter à rester. Il faut notamment penser à des logements décents ainsi que des formations cycliques dans des centres nationaux de référence. La situation de la médecine de proximité à Bordj Omar Driss est des plus alarmantes et nécessite une prise en charge spécifique pour cette région de l'extrême Sud où les promesses de la campagne électorales résonnent encore dans les oreilles des citoyens. Pour rappel, les femmes de la commune de Bordj Omar Driss ont fermé une semaine durant le siège de la mairie, en mars dernier, pour dénoncer la marginalisation dont elles sont victimes, notamment pour ce qui est de la prise en charge sanitaire. A l'initiative du vice-président du Parti algérien vert pour le développement (PAVD), Boudjemaâ Salah Hemmadi, des représentantes des femmes de la commune ont rencontré quelques notables en présence de l'inspecteur de l'enseignement coranique, très écouté par la population locale, ainsi que d'un membre du bureau communal du FLN. Un accord entre les deux parties visant à accélérer les chantiers de réalisation de différents projets de développement retenus dans le cadre de Plan communal de développement (PCD) a été signé. Le maire a ainsi donné des assurances aux représentantes des femmes quant à la prise en charge de toutes leurs revendications liées à la distribution équitable et transparente des postes d'emploi ouverts pour l'exercice 2013. Les choses n'ont guère évolué depuis et la santé va toujours aussi mal dans cette commune.