Pendant la campagne pour l'élection présidentielle du 17 avril dernier, le débat sur l'augmentation des tarifs d'électricité a refait surface. Le Premier ministre par intérim et ministre de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, a en effet évoqué la nécessité d'augmenter les tarifs de l'énergie en Algérie, selon une information rapportée le 8 avril dernier par l'APS Algérie. Ce que M. Yousfi a démenti. Mais dans tous les cas, cette hausse s'annonce inévitable, notamment en raison des difficultés financières rencontrées par le groupe Sonelgaz pour financer ses investissements et faire face à la demande croissante en énergie électrique. Ce dossier ficelé par la Commission de régulation de l'électricité et du gaz (CREG) est dans le tiroir du gouvernement depuis des années. Cependant, pour des raisons sociales, les pouvoirs publics maintiennent leurs positions rejetant cette hausse. Les moyens de poursuivre ce chemin des subventions lors du prochain programme quinquennal seront-t-ils disponibles ? C'est la question soulevée actuellement sur la scène économique nationale. Entre la nécessité économique et les desseins politiques d'une mesure sociale, difficile de continuer à assurer l'équilibre surtout quand le pouvoir d'achat des Algériens ne permet pas de faire face à une telle hausse. C'est en fait un exemple édifiant sur les subventions et la politique sociale du pays. Des subventions qui coûtent annuellement cher au Trésor. Si le coût du soutien des prix des produits alimentaires est cité dans les lois de finances, le coût de la subvention des produits énergétiques n'est pas évalué. Et pour cause, les montants sont débloqués sous forme de rachat des dettes des entreprises. Une étude du Pnud datant de 2010 place l'Algérie parmi les pays «arabes» qui subventionnent le plus les produits énergétiques avec près de 11 milliards de dollars (quelque 800 milliards de DA) consacrés à la subvention des prix de l'énergie en 2010. Selon ce document, l'électricité a profité de 2,1 milliards dollars (quelque150 milliards DA) de subventions, 8,5 milliards de dollars (environ 650 milliards de DA) pour les carburants. Entre-temps, les chiffes ont évolué engageant de lourdes dépenses pour l'Etat. Mais, parallèlement, la consommation de gaz et de pétrole a augmenté en moyenne de 10% annuellement. «Nous risquons de ne plus pouvoir exporter au bout de dix ans. Avec 15 milliards de dollars entre importations et subventions, difficile de maintenir cette politique des subventions», avertissement les experts dans ce sillage. «L'inflation compressée par les subventions généralisées et sans ciblage, qui serait supérieure à 10% sans ces subventions, source de gaspillage des ressources financières et de fuite des produits hors des frontières», dira à ce sujet l'économiste Abderahmane Mebtoul. Une manière de rappeler que ces subventions bénéficient beaucoup plus aux importateurs qu'aux consommateurs directs. Comment maintenir ce cap en cas de chute des recettes d'hydrocarbures ? «Toutes les prévisions prédisent des tensions budgétaires entre 2015/2020 avec une baisse des recettes des hydrocarbures», note M. Mebtoul évoquant entre autres l'arrivée de nouveaux producteurs sur le marché mondial et le bouleversement de la carte énergétique avec le gaz-pétrole de schiste (notamment américain qui deviendront concurrents de Sonatrach). Autant donc se préparer à de tels changements à l'échelle internationale dans un pays dont les revenus proviennent à 97% de l'exportation des hydrocarbures.