Adossé au mur d'une cafétéria du centre-ville des Ouacifs, Farid âgé de 29 ans, sirote son café en discutant avec ses amis des nouvelles du jour. « Tôt ou tard, je fuirai cette région. Mon avenir est ailleurs », dit-il d'un air désespéré. Dans cette localité enclavée, à l'extrême sud de la wilaya de Tizi Ouzou, la vie devient,en effet, de plus en plus dure pour une jeunesse abandonnée à son sort. Les cafétérias sont devenues des espaces de loisirs par excellence. En l'absence de perspectives de travail ou de formation, l'immigration en Europe demeure l'unique solution. La misère a poussé de nombreuses familles à l'exode vers d' autres wilayas du pays où les conditions de vie sont meilleures. Dans les villages de la commune des Ouacifs, la population vit « sous perfusion ». Les routes sont sinueuses, étroites et escarpées. Les habitants des trois communes des Ouacifs réclament l'ouverture de nouvelles pistes agricoles pour désenclaver leurs villages. Les villageois de Zaknoune et Tigmounine réclament l'ouverture de salles de soins depuis des lustres. A Tiroual, dans la commune d'Aït Boumahdi, la salle de soins est occupée par une famille sinistrée qui attend de bénéficier d'un logement social. Construit au début des années 1980, le centre de santé de Tizi L'Teniène est à l'abandon. Cette structure est dans un état de dégradation avancé, avons-nous constaté. Sa mise en service soulagera la population locale des fatigants et coûteux déplacements vers le chef-lieu de daïra et les hôpitaux de Tizi Ouzou et de Aïn El Hammam, surtout durant la saison hivernale. Le directeur de la santé de la wilaya déclare que les travaux de réfection du centre de santé et son équipement nécessitent environ 20 millions de dinars. Le manque d'eau pose aussi problème aux Ouacifs, proteste-t-on. Les représentants des villages et les élus locaux de ladite daïra ont profité de la récente visite du wali de Tizi Ouzou dans la région, pour lui demander la réfection des réseaux d'alimentation en eau potable existants et la réalisation de nouveaux réservoirs d'eau. Les branchements anarchiques et illicites des conduites d'eau engendrent un déséquilibre dans la distribution de cette source de vie. Pour sa part, le président d'APC d'Aït Toudert déclare que la conduite de transfert d'eau potable du village de Timeghras vers Agouni Fourrou, nécessite une urgente prise en charge. Ce dernier soulève aussi le problème de la défectuosité du réseau d'assainissement qui a coûté plus de 1,2 milliards de centimes aux caisses de l'Etat. La fuite des eaux usées est à l'origine de la pollution de certaines sources naturelles qui alimentent quelques quartiers d'Agouni Fourrou. Les fellahs d'Aït Toudert souhaitent l'exploitation de nouveaux forages et la prise en charge des retenues d'eau pour les besoins de l'élevage et de l'irrigation.A cet effet, le directeur de l'hydraulique s'est engagé à lancer une étude dans les prochains jours. Concernant le secteur de l'éducation, le ramassage scolaire fait sévèrement défaut dans les trois communes de la daïra.Les collégiens et lycéens font une dizaine de kilomètres à pied au milieu de la forêt pour rejoindre les bancs de l'école que certains désertent tôt.