On s'en rappelle, Ahmed Ouyahia était chef du gouvernement (en théorie) et obéissait aux ordres du Président (en théorie) en suivant scrupuleusement son programme (en théorie). Quand le Président a limogé Ouyahia (en théorie), bien que Ouyahia ait démissionné (en théorie), Ouyahia est rentré chez lui (en théorie) au RND, un parti politique (en théorie) de l'échiquier. Hostile tel qu'il l'a lui-même avoué (en théorie) à une réforme de la Constitution, Ouyahia, même en dehors du gouvernement (en théorie), a toujours répété qu'il continuerait (en théorie) à soutenir le programme du Président. Jusque-là, rien d'extraordinaire (en théorie), un ex-chef de gouvernement peut avoir les opinions qu'il veut (en théorie). Mais dernièrement, le même Ouyahia, du fond de son bureau du RND (en théorie), a expliqué qu'il était « pour un troisième mandat, à condition que cela vienne du président ». Du coup, on ne sait plus si Ouyahia est pour ou contre une réforme de la Constitution, puisque celle-ci est incontournable pour un troisième mandat (en théorie). D'autant que personne ne peut croire (en théorie) que la revendication d'un troisième mandat vienne du FLN, Belkhadem en tête, sans que le Président soit d'accord (en théorie). C'est là où la théorie ne tient plus. Ouyahia est contre la réforme de la Constitution et pour un troisième mandat. En théorie, c'est jouable ; en pratique, c'est n'importe quoi. On a toujours dit que le RND n'était pas un parti politique mais une organisation de masse, à l'image de l'ONPA (fellahs), de l'UNFA (femmes) ou de l'ONM (moudjahidine). Mais chacun pensait que Ouyahia était un homme politique. Eh bien non. En théorie, il a un parti ; en théorie, il a une fonction politique ; en théorie, il a un costume d'homme politique, mais en pratique, car finalement il n'y a que la pratique, il est comme les autres. Assis. Avec le debout.