Aucune cession d'entreprise ne sera opérée sans concertation avec le partenaire social. Le message du Chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, hier, à l'Assemblée populaire nationale a été reçu cinq sur cinq par les députés syndicalistes. “Il ne sera pas question de céder une entreprise sans concertation préalable.” Voilà de quoi rassurer l'Union générale des travailleurs algériens. La privatisation pour Ouyahia n'est pas un dogme. Elle est un moyen de valoriser le capital public chaque fois que les conditions sont réunies pour préserver l'emploi et pour créer et produire un surcroît de richesse. Ouyahia cite l'entreprise ISPAT-Sider, comme un bon exemple de privatisation, un exemple à suivre. Selon le Chef du gouvernement, cette opération de privatisation a non seulement permis d'améliorer substantiellement les capacités de production de l'entreprise, mais les travailleurs ont également vu leur salaire augmenter à trois reprises. “C'est le type de privatisation que nous voulons entreprendre”, annonce le chef de l'Exécutif. Même les 298 entreprises destructurées ne seront pas dissoutes. “Je m'engage devant vous”, dit-il en s'adressant aux députés et en citant le nom de Badreddine, secrétaire national chargé de l'économie de l'UGTA, comme pour le prendre à témoin. Le Chef du gouvernement cite des mesures à même de sauver ces entreprises de la dissolution. Il est question d'un plan de charge à long terme (jusqu'à dix ans) pour les entreprises de fabrication des machines agricoles (moissonneuses-batteuses, tracteurs…) et celles spécialisées dans la production de maisons préfabriquées. Du coup, la démarche de l'ex-ministre de la Participation et de la Promotion de l'investissement est disqualifiée aux yeux d'Ouyahia. “Je n'ai rien contre Si Abdelhamid Temmar, mais la privatisation de 340 entreprises, rapidement, ne me paraît pas faisable”, souligne le Chef du gouvernement. “En théorie peut-être, mais en pratique j'en doute”, ajoute-t-il. Incontestablement, le chef du l'Exécutif ne veut pas “fâcher” l'UGTA. En répondant à la question sur la loi sur les hydrocarbures, Ouyahia souligne que le texte “n'est pas à l'ordre du jour du gouvernement”, en précisant qu'“il n'y a pas d'hommes du Président dans son gouvernement. Je travaille avec un staff en les désignant du doigt”, soutient-il. Aujourd'hui, la priorité semble être donnée à la réalisation d'un pacte national économique et social. Le Chef du gouvernement a été instruit pour le réaliser, à travers “la réactivation du cadre de la tripartite”. Ouyahia trouve anormal que la tripartie ne se soit pas réunie pendant plus de deux années. “Le syndicat et le patronat ont beaucoup de choses à nous dire”, estime-t-il. M. R.