Le Forum des chefs d'entreprises (FCE) revendique des réformes de seconde génération, c'est-à-dire «placer, au centre des politiques publiques, le développement de l'entreprise est non plus le seul souci de la préservation des équilibres macroéconomiques.» C'est ce qui ressort de l'intervention de Abdessamed Salah, vice-président du FCE qui a intervenu à l'ouverture de la rencontre des opérateurs économiques de l'ouest du pays, membres de l'organisation, réunis hier au Méridien pour débattre du thème du développement territorial. «L'ouverture économique est nécessaire mais il faut la contrôler pour servir les objectifs de développement», estime ce représentant du patronat national qui salue la réorientation de la politique économique du gouvernement ayant pris conscience des erreurs dues à la confusion entre ouverture interne et libéralisme externe. «Les investissements étrangers n'ont pas eu d'effets structurants sur notre économie et les importations de toutes sortes ont engendré une concurrence déloyale qui a entravé le développement de nos capacités productives », a-t-il indiqué en prévenant néanmoins de la tentation de revenir au dirigisme économique qui, vu sous un certain angle peut paraître comme la seule alternative au développement. En effet, le représentant du FCE admet que «les entreprises algériennes privées se caractérisent généralement par une taille réduite atteignant rarement la taille critique» et que «le tissu économique privé est, dans l'ensemble constitué de petites entreprises familiales fermées aux investisseurs extérieurs». Par les chiffres, sur 711 225 PME recensées en 2012, 41% sont déclarées sous la forme de personnes physiques (18%) ou d'activités artisanales. Les analystes introduisent la notion de TPE (très petite entreprise) pour expliquer la faible incidence sur l'emploi du tissu entrepreneurial national. La faiblesse concerne également le taux de concentration avec seulement 12 PME pour 1000 habitants à l'échelle national (recensement de la population de 2008). Par rapport à cet indicatif, trois wilayas de l'Ouest se distinguent : Oran (13,54), Aïn Témouchent (12,24) et Sidi Bel Abbès (12,06). Mais pour le taux de mortalité des PME est plus important dans cette région avec 22% contre 31% à l'échelle nationale. Intervenant pour la même occasion, Abdelghani Zaalane, wali d'Oran, a mis en avant les atouts, notamment futurs, qui caractérisent la capitale de l'Ouest avec l'aménagement en cours de 2 périmètres irrigués par des eaux non conventionnelles (800 ha dans la plaine de Mlata et 500 ha à Bousfer) afin d'encourager l'industrie agroalimentaire de transformation. Il évoque également l'implantation des sociétés à forte intensité d'innovation, dont Alfon, Alver et Knauf. Cette dernière multinationale a déjà formé plus de 7000 jeunes aux métiers du bâtiment. La formation est également au cœur du projet de spécialisation du centre de formation de Oued Tlelat, la localité qui accueillera sur 152 ha la future usine Renault et son lot de nouveaux métiers à développer. Prévu sur 900 ha, le nouveau pôle industriel de Bethioua a déjà bénéficié de 9,2 milliards de dinars pour la viabilisation d'une première partie s'étalant sur 178 ha, là où l'usine turque Tosyali spécialisée dans les métaux ferreux est déjà entrée en production. A Oran, 62% de la population a moins de 30 ans et 42 % moins de 20 ans. Un défi à relever en termes d'emploi.