Les séparatistes pro-russes de Donetsk ont réaffirmé samedi leur intention d'organiser un référendum le 11 mai sur la «déclaration d'indépendance» de la région. La diplomatie n'arrive toujours pas à déboucher sur une issue pacifique et négociée à la crise que vit l'Ukraine. Pour tout dire, la tension en Ukraine n'a pas baissé d'un iota malgré la conclusion, il y a peu, d'un accord à Genève entre les parties en conflit. Bien au contraire, la situation dans l'est du pays va chaque jour en s'aggravant. Et il n'est plus à exclure une intervention de l'armée russe si les autorités ukrainiennes s'entêtent à vouloir mettre au pas par n'importe quel moyen les populations pro-russes qui exigent leur rattachement à la Russie ou, à tout le moins, l'adoption par Kiev d'un système fédéral. Le gouvernement russe se pose en effet en protecteur de ces populations. C'est à Slaviansk que la situation est visiblement la plus explosive. Huit observateurs militaires occidentaux de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), retenus dans cette petite ville de l'Est depuis vendredi par les insurgés pro-russes, ont été présentés hier à la presse. Les rebelles retiennent aussi quatre Ukrainiens qui les accompagnaient mais ne sont pas apparus en public. «Ce sont des prisonniers de guerre», a expliqué Viatcheslav Ponomarev, leader séparatiste et maire autoproclamé de cette ville de 100 000 habitants qui échappe depuis deux semaines au contrôle de Kiev et fait l'objet d'un «blocus» et d'une «opération antiterroriste» de la part des autorités centrales. «Dans notre ville, qui se trouve en situation de guerre, tout personnel militaire qui n'a pas notre permission est considéré comme prisonnier de guerre», a-t-il expliqué. Il a toutefois rejeté le terme «otage». Les observateurs «ne sont pas nos otages, ce sont nos invités», a-t-il dit. Une équipe de négociateurs de l'OSCE était attendue hier à Slaviansk pour tenter d'obtenir leur libération, a déclaré à la presse Tatiana Baeva, porte-parole de l'OSCE, ce qu'a confirmé M. Ponomarev. Trois militaires hauts gradés ukrainiens, accusés d'espionnage, ont par ailleurs été arrêtés par les rebelles et sont également détenus à Slaviansk, a déclaré M. Ponomarev. Ils se trouvaient en mission dans la région pour «arrêter un citoyen russe soupçonné du meurtre d'un conseiller municipal ukrainien» dans la ville de Gorlivka, ont indiqué les services de sécurité ukrainiens (SBU), qui ont qualifié leur arrestation d'«attaque par des criminels armés». Ces épisodes font encore monter la pression dans l'est du pays, où les Occidentaux soupçonnent la Russie de s'activer en sous-main pour attiser la flamme séparatiste et créer une situation similaire à celle qui a conduit au rattachement de la Crimée à la Russie en mars dernier. Slaviansk n'est pas la seule ville en proie à des troubles séparatistes. A Donetsk, grande ville industrielle de l'Est, des centaines de personnes ont, selon la presse, manifesté devant le siège de la télévision publique pour réclamer qu'elle passe sous le contrôle des séparatistes. Samedi, les séparatistes pro-russes de Donetsk avaient réaffirmé leur intention d'organiser un référendum le 11 mai sur la «déclaration d'indépendance» de la région. Bref, les séparatistes pro-russes veulent mettre Kiev devant le fait accompli. Face à ce statu quo qui risquerait fort de déboucher bientôt sur une nouvelle partition de l'Ukraine, le président américain Barack Obama a une nouvelle fois appelé hier la Russie à cesser ses «provocations» en Ukraine, faute de quoi elle s'expose à de nouvelles sanctions à court terme. Les nouvelles sanctions annoncées samedi par les pays du G7 visent à «faire comprendre à la Russie que les actes de déstabilisation qui se déroulent en Ukraine doivent cesser», a lancé le président américain au cours d'une conférence de presse en Malaisie. Alors que l'Ukraine s'efforce de mettre en œuvre l'accord de Genève et de désarmer les milices et de chercher une sortie de crise, la Russie «n'a pas levé le petit doigt pour aider», a-t-il déploré. La Russie et les Etats-Unis s'accusent mutuellement depuis des mois de manœuvrer en sous-main pour s'emparer de l'Ukraine. Face à la menace brandie par Moscou d'une intervention militaire, Washington a réagi en déployant 600 soldats en Pologne et dans les pays baltes. Ce contingent de 600 soldats et les sanctions du G7 peuvent toutefois s'avérer très insuffisants pour faire trembler la Russie ou encore dissuader les spératistes pro-russes de faire sécession.