La tension est encore montée d'un cran en Ukraine. Le G7 prend de nouvelles sanctions contre la Russie. Ce n'est pas encore la guerre proprement dite, mais cela y ressemble fort. En Ukraine, le bruit des bottes russes se fait chaque jour un peu plus menaçant. Craignant que son pays ne tombe entre les mains de Poutine comme la Crimée, le Premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, en visite à Rome pour assister aujourd'hui à la canonisation de deux papes, a dû repartir en Ukraine «en raison de la situation». Vendredi, il a accusé Moscou de vouloir lancer «une troisième guerre mondiale». C'est dire à quel point les dernières évolutions de la situation sur le terrain sont dangereuses. C'est conscient de ce risque d'invasion pure et simple de l'est de l'Ukraine que le G7 a décidé de nouvelles sanctions contre Moscou avec un volet américain susceptible d'intervenir «dès demain». Et pour cause, les séparatistes pro-Russes retiennent en otages 13 membres de l'OSCE qu'ils considèrent comme des «espions de l'OTAN». Il y a donc clairement de la tension dans l'air vicié de Kiev. Les séparatistes ne veulent point entendre les appels de l'Allemagne et des Etats-Unis pour libérer les otages pris vendredi à Slaviansk, bastion des insurgés pro-Russes. «Ils sont en prison, ce sont des officiers de l'Otan», a déclaré le leader séparatiste local Viatcheslav Ponomarev. «Ils sont entrés sur notre territoire sans notre permission», justifie-t-il, avec une pointe défi. Un défi qu'il tient sans doute de l'appui inconditionnel de Moscou qui vise peut-être à forcer la main à l'Occident pour négocier en position de force. Etincelles dans le ciel de Kiev Le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a promis hier à son homologue allemand Frank-Walter Steinmeier, de «prendre toutes les mesures possibles». Mais il serait naïf de prendre pour argent comptant cette promesse russe de faire libérer les otages de l'OSCE, opération qu'elle a peut- être commanditée. Autre étincelle qui a jailli hier en Ukraine, ces avions russes qui auraient violé l'espace aérien ukrainien «à plusieurs reprises au cours des dernières 24 heures», selon le Pentagone. Le ministère russe de la Défense a certes nié hier ces accusations, les qualifiant d'«allégations», selon l'agence de presse officiel Itar-Tass. Pas suffisant pour rassurer l'Occident pour qui une intervention militaire russe en Ukraine dans «les prochains jours», n'est plus à exclure. Le G7 accuse ainsi Moscou d'avoir ces derniers jours «continué à exacerber les tensions avec un discours toujours plus préoccupant et des manœuvres militaires menaçantes à la frontière de l'Ukraine». D'où cette décision d'arrêter une batterie de sanctions contre Moscou pour l'amener à cesser ses provocations. Selon un responsable américain, «chaque pays déterminera quelles sanctions ciblées il veut imposer. Ces sanctions seront coordonnées et complémentaires, mais pas nécessairement identiques». «Les sanctions américaines pourraient intervenir dès demain lundi», a-t-il précisé. Pour le secrétaire américain au Trésor, Jacob Lew, «le but est d'atteindre l'économie russe tout en faisant le moins de dommages possibles à l'économie américaine et mondiale». Les Etats-Unis sont «prêts à prendre des sanctions plus sévères et à en absorber les conséquences si nécessaire», a-t-il affirmé vendredi. Le plan de Kiev et la manœuvre de Moscou Côté européen, la chancelière allemande, Angela Merkel, a annoncé vendredi une rencontre des ministres des Affaires étrangères de l'UE «aussi rapidement que possible» pour étudier de nouvelles sanctions. Les diplomates des 28 pays de l'UE se réuniront demain à Bruxelles et pourraient aborder les sanctions. Sur le terrain, Slaviansk, bastion des séparatistes dans l'Est, est en état de siège depuis un assaut bref et meurtrier lancé par des blindés ukrainiens. Kiev a indiqué avoir mis en place «un blocus» de la ville afin d'empêcher les pro-Russes «de recevoir des renforts». Les séparatistes ont déclaré qu'ils ne rendraient pas la ville. Moscou a appelé Kiev à mettre fin sans délai à son offensive militaire, mais le pouvoir de Kiev a affirmé que son «opération antiterroriste» allait continuer, tout en s'engageant à faire preuve de retenue. A Kiev, on est convaincu que la Russie prépare sinon une invasion du moins une opération de déstabilisation du processus politique devant être couronné par la présidentielle du 25 mai. Moscou craint en effet l'élection d'un président pro-occidental qui la ferait bouter définitivement d'Ukraine. C'est pourquoi les Russes via les séparatistes qu'ils appuient veulent organiser un référendum le 11 mai pour éviter que l'Ukraine ne leur échappe.