Bouchons, bus bondés, chauffeurs de taxi irrespectueux, receveurs dépenaillés, lignes inexistantes ou surexploitées, accidents à répétition… Le secteur des transports dans la capitale concentre toutes les critiques. Les voyageurs, comme les différents opérateurs et même les autorités publiques s'accordent à affirmer que la situation du transport n'est guère reluisante et nécessite une prise en charge profonde. Le ministre de l'Intérieur, Tayeb Belaïz, a annoncé, en janvier dernier, un conseil de gouvernement consacré exclusivement au transport dans la capitale. Le même ministre, en visite fin avril dernier au siège de la direction des Unités républicaines de sécurité (URS), a exigé l'élaboration d'un plan de circulation «dans les plus brefs délais». Il mettra l'accent sur la nécessité de privilégier le transport maritime, annoncé par le directeur des transports d'Alger pour cette année. L'intérêt pour le transport dans la capitale, constaté après l'arrivée du sémillant wali d'Alger, Abdelkader Zoukh, ne permettra pas de changer beaucoup de choses. Le secteur est tellement désorganisé qu'aucune mesure populiste n'est à même d'améliorer la situation. Ni la ligne bleue de l'ancien wali, Mohamed Kebir Addou, ni les modes de transport modernes mis en service (métro et tramway) n'ont permis de soulager les Algérois, qui continuent de souffrir des embouteillages dans des bus et taxis déglingués et sales. La direction des transports a des priorités : renforcer le parc pour permettre l'arrivée massive de nouveaux opérateurs. «Il existe 3000 nouveaux chauffeurs de taxi, qui s'ajouteront aux 15 000 déjà en activité. L'opération a été lancée en 2009 et ne sera pas clôturée», signale le directeur des transports, Rachid Ouezzane, qui annonce que le ministère des Moudjahidine va octroyer 7000 nouvelles licences d'exploitation. La désorganisation du transport par taxi «représentée» par une faune de syndicalistes répartis dans plusieurs organisations (Ugcaa, UGTA, etc.), est importante. Et ce ne sont pas les quelques sanctions prises qui vont «discipliner» des chauffeurs qui ne craignent plus les commissions de la direction d'El Biar et son effectif maigrelet d'inspecteurs. «500 taxis ont été verbalisés en 2013 pour refus de prise en charge et autres. La mise en fourrière de ces véhicules varie entre 15 à 45 jours», précise-t-il. La désorganisation est aussi importante pour le transport par bus. Des opérateurs se concentrent sur certaines lignes «importantes», alors que des localités de la périphérie et même dans certains quartiers du Centre ne sont pas pourvues, au grand dam des usagers et de la Fédération des transporteurs qui annonce un débrayage. Le transport public, monopole de l'ex-RSTA, connaît des difficultés liées aux grèves cycliques lancées par des syndicalistes qui dénoncent des «conditions socioprofessionnelles déplorables». Des projets pas encore réalisés ! Une série de projets d'infrastructures routières visant à faciliter la mobilité et la circulation automobile à Alger ont été lancés dans le cadre du plan stratégique de la réhabilitation de la capitale à l'horizon 2029, mis en service par l'ex-wali Addou. Six projets d'infrastructures routières, cinq projets routiers de proximité, trois nouvelles gares routières, trois échangeurs, huit parkings à étages et trois parkings relais, deux télécabines ainsi que l'achèvement du métro et du tramway sont prévus. En plus des projets d'infrastructures autoroutières (1er Mai, Ravin de la femme sauvage, Hydra), le plan prévoit également la réalisation d'une gare routière à Bir Mourad Raïs, ainsi que des gares routières à Zéralda et à Dar El Beïda. Cinq parkings à étages qui seront réalisés à El Biar, Hydra, El Madania, Sidi M'hamed et Kouba, sont déjà en cours de réalisation. Ces projets permettront de réduire la saturation du réseau routier après l'évolution phénoménale du parc automobile, qui est passé de 600 000 véhicules en 2000 à plus de 1,7 million en 2012. La direction des transports de la wilaya d'Alger s'apprête à lancer des études de réalisation de trois autres parkings-relais à Aïn Allah, Chéraga et Staouéli, avec une capacité globale de 1500 places. Le changement sera pour quand ? «Une fois le transport collectif bien développé, la situation changera d'elle-même. Actuellement, ce dernier n'est pas performant et les gens sont contraints de prendre un taxi.La prise en charge du transport collectif ne se fera pas en une semaine, un mois ou même une année. Il existe, néanmoins, une vision pour l'organisation du transport. Cela est visible grâce aux différents projets de tramway, métro. Au ministère des Transports, une autorité de régulation sera mise en place, le décret de création est déjà signé», estime M. Ouezzane.