Ahouli Azegagh, Ahouli Aghegal, Ahouli Azizaou, Timelhfine, le costume traditionnel de la femme ouarglie qui se décline en houli à base de tissage ou timelhfine à base de tissu fin raconte une histoire, celle de la coquetterie féminine dans ce ksar saharien millénaire, où le brassage des civilisations a donné à la femme une des plus belles toilettes algériennes. Ce costume constitue le thème d'une des journées commémoratives de la fête du ksar de Ouargla, dont la 12e édition a été inaugurée vendredi par une belle manifestation musicale populaire qui a donné une joyeuse animation à la vieille médina. Quant à la rencontre sur le costume traditionnel et la femme amazighe ksourienne, elle portera sur les caractéristiques de ce costume, sa composition, son évolution et par dessus tout la place du métier à tisser dans l'espace familial et le monde féminin. Le Houli, une toilette algérienne par excellence S'il y a bien un habit algérien commun à toutes les régions du pays, c'est bien le houli ou la malehfa, qui se déclinent sous différentes formes selon la ville, sans pour autant renier l'origine commune de ce morceau d'étoffe tissé artisanalement en laine ou en soie colorée ou neutre, modernisé grâce à l'avènement du tissu industriel. A Ouargla, il existe quatre versions indispensables au trousseau de la mariée. Il existe donc en noir, qui est sa couleur classique, le rouge, le vert bouteille et le rose indien rayé de blanc. Houli et malehfa ne peuvent être portés sans la fameuse souria. Il s'agit à la fois d'une robe et d'un dessous de robe fait généralement en popeline, en lin pour le commun des femmes, et en soie pour les plus nanties. de nos jours, la souria se décline surtout en satin où elle est ornée de pierres et de broderies diverses. Selon que le houli est noir, rouge, vert ou rose indien, le dessous peut être orange, beige, blanc ou vert. Le houli se portait de trois façons : la première en fabriquant quatre petites boules issues de tissu en laine ou en coton de récupération attachées à chaque épaule. Et voilà, on est habillé. La deuxième façon remplace les boules par deux épingles à nourrice. Désormais, toutes les femmes utilisent la «khellala» en remplacement des boules et épingles à nourrice.
Khellala, Timaamert, Timcharreft, des bijoux à perpétuer La «khellala» est un bijou en or ou en argent semblable à une broche qui figure en bonne place dans le coffret à bijoux local. Le troisième élément de la tenue est «tabechit», à savoir une large ceinture en laine tressée avec des pompons en couleurs assorties au houli et portée au niveau des hanches. Le «cherbouch» est le quatrième élément du costume. Une sorte de couvre-chef ou écharpe en laine verte et noire tissée et savamment portée en commençant par le cou pour rabattre enfin les deux pans sur la tête en laissant apparaître une très belle frange appelée «tinfert» et joliment rehaussée de roses, de géranium, de menthe et de basilic selon la saison, le tout agrémenté d'une pièce de «soltani», un bijou qui se perd désormais. Les babouches d'apparat sont en cuir, généralement rouge foncé, elles se déclinent dans toutes les couleurs depuis que la melahfa est assortie au fond de robe. Restent les nombreux et volumineux bijoux en or et argent constitués d'un collier en louis d'or (environ une trentaine de soltani), deux sortes de boucles d'oreilles rattachées aux cheveux, l'une en gros anneaux avec des boules d'or appelée «timaammart» (la pleine), et l'autre une sorte d'anneaux en zigzag appelée «timcharfet» (la zigzaguée), des bagues, des bracelets, en plus de l'Akhelkhal, typiquement ouargli, gros et étroit en argent massif. Seul bémol en ces jours de sauvegarde du patrimoine, les tendances à la mode qui poussent beaucoup de ouarglies à se faire éclaircir avec des produits cosmétiques, à teindre en blond des cheveux rêches et foncés qui font leur particularité et leur beauté et à utiliser des nattes artificielles blondes pour décorer cette tenue d'apparat qui avait jadis le don de transformer celle qui la portait en vraie déesse ouarglie, fût-elle blonde ou rousse. Le simple fait de mettre un houli ou une timelhfine authentiques suffisait à relier le présent au passé.