La Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH) a organisé un forum pour dénoncer les nombreuses entraves aux libertés pratiquées par le régime. En Algérie les libertés d'expression, de réunion, de manifestation mais aussi syndicales sont plus que jamais réprimées. Plus rien n'échappe à la volonté du pouvoir de verrouiller le champ des libertés pour mieux contrôler la société civile. Pour maître Bensalem Fasla, membre du comité directeur de la LADDH, la dernière loi sur les associations est caractéristique de cette politique répressive. «Il y a volonté du pouvoir de mettre sous tutelle, les associations qui lui échappent», a-t-il jugé. Bensalem Fasla estime, par ailleurs, que «la loi a anesthésié les associations qui ne sont pas sous contrôle». Alors que la liberté de créer des associations est constitutionnellement garantie en vertu des articles 41 et 43/1 de la Constitution du 28 novembre 1996 ainsi que par les Constitutions antérieures (art. 19 de la Constitution de 1963, art. 56 de celle de 1976 et art. 39 de celle de 1989), la loi 12/06 du 12 janvier 2012 «montre la volonté de l'Etat à ériger une muraille législative pour protéger le système». Pour l'homme de loi, le législateur a renforcé la dépendance des associations envers l'administration. «La loi permet la mainmise de l'administration sur les associations depuis leur naissance jusqu'à leur disparition», ajoute Bensalem Fasla. Intervenant sur le sujet, maître Noureddine Benissad, président de la LADDH, a rappelé que la loi adoptée par les députés en 2012 n'a pas cours dans les pays les plus totalitaires : «Même en Corée du Nord, ils n'ont pas osé promulguer une telle loi.» Après la loi sur les associations, les organisateurs du forum se sont penchés sur la loi sur l'audiovisuel. Là encore, les intervenants ont critiqué la démarche du régime. Ils ont souligné la volonté du pouvoir de maintenir le monopole du public au détriment du privé soumis, lui, à de multiples barrières et au flou qui entoure le fameux article 7 qui concerne les définitions, notamment celle de la chaîne thématique. Pour Fayçal Métaoui, journaliste à El Watan et un des intervenants au forum, l'article 7 agit comme une épée de Damoclès sur la tête des patrons de télé : «Cet article permet au régime de maintenir la pression sur les dirigeants des télés privées. Il peut, s'il le juge nécessaire, fermer une télé au motif qu'elle ne correspond pas aux critères énoncés par l'article en question.» Et de rappeler la méthode utilisée par le pouvoir pour mettre fin à la diffusion de la chaîne Al Atlas TV, juste avant le début de la campagne présidentielle. «La fermeture d'Al Atlas TV était un signal envoyé aux autres chaînes», estime Métaoui, qui rappelle que de nombreux journalistes étrangers, essentiellement tunisiens et marocains, n'ont pas pu couvrir l'élection présidentielle faute de visa. Dans son message aux journalistes pour la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse, le président Bouteflika a fixé les règles du jeu. Il a rappelé que si l'Etat s'engage à protéger la liberté de la presse, il le fera «contre toute dérive préjudiciable à travers la calomnie, le dénigrement et la médisance ou le dépassement au détriment du citoyen ou des institutions constitutionnelles», et qu'«aucun média, quel que soit son statut juridique, ne peut déroger à cette exigence».