Dire que la situation des libertés en Algérie est dans un état critique est une lapalissade tant les atteintes, les entraves et autres violations sont légion. Derniers exemples en date : la répression qui a frappé la marche du 21 avril à Tizi Ouzou, l'empêchement systématique des manifestations du mouvement Barakat, ou encore ces deux jeunes, Mohamed Kadi et le jeune Tunisien Moez Bennecir, arrêtés le 16 avril dernier en marge d'une manifestation contre le 4e mandat et qui croupissent depuis à la prison de Serkadji sous prétexte "d'attroupements non armé qui a pour but de toucher à l'ordre public". Il y a aussi la manifestation des familles de disparus dont des membres ont été malmenés hier à la place de la Liberté de la presse à Alger. Et rien de plus emblématique de cette descente aux enfers que ces classements de "derniers de la classe" que le pays collectionne dans les rapports des ONG internationales. À l'unisson, les animateurs du Forum des libertés organisé hier à Alger par la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme (Laddh), à l'occasion de la double célébration de la fête du 1er Mai et 3 Mai, ont tiré la sonnette d'alarme sur la situation peu enviable des libertés en Algérie, en constante régression depuis quelques années. "La Laddh a refusé de participer aux réformes car le peuple n'était pas associé et les conditions et le cadre de dialogue n'étaient pas réunis", a affirmé Bansalem Fasla, membre de la ligue dans une intervention au titre fort éloquent : "La liberté d'association sous contrôle". "La loi sur les associations impose la mainmise de l'administration sur les associations dès leur création", relève-t-il. "C'est une loi scélérate destinée à terroriser les associations", observe-t-il encore. "Je n'ai vu aucune loi similaire dans le monde", reprend, pour sa part, Me Nouredine Benissad, président de la Laddh. De son côté, notre confrère, Fayçal Metaoui, journaliste à El Watan, s'est longuement étalé sur les multiples entraves à la liberté de la presse, tels la nouvelle loi organique promulguée en 2012, le chantage par la publicité exercée sur certains titres et la fermeture qui a touché la chaîne de télévision Atlas TV "sans motif". "La loi organique sur l'information de 2012 est plus répressive que celle de 1992", a-t-il estimé. Dans une intervention sur "la liberté de rassemblement face à la confiscation de l'espace public", l'avocat Aïssa Rahmoune a, de son côté, établi "un constat amer" sur le droit de manifester, pourtant garanti par la Constitution. "L'Algérie a ratifié des conventions internationales, mais ne les respecte pas", a-t-il relevé. Selon lui, il appartient à l'Etat de "garantir la sécurité des marcheurs lors des manifestations publiques". "On ne peut pas faire fonctionner une société sans contre-pouvoir", a relevé, par ailleurs, Me Benissad. À une question sur les initiatives de l'opposition, Me Benissad, dont l'ONG y est favorable, s'est interrogé toutefois sur les capacités de l'opposition à imposer des réformes. "On doit créer un rapport de force, mais c'est le rôle de tous", a-t-il plaidé. "C'est pourquoi il faut passer à l'action", a repris de son côté Abdelwahab Fersaoui, président de RAJ. K. K Nom Adresse email