Le capnode, cet insecte ravageur, est en train de réduire les cerisaies, menaçant la pérennité de cette culture en haute montagne. A chaque printemps, au moment de la floraison, les agriculteurs constatent, avec amertume, qu'une autre partie de leur cerisaie a dépéri. De nombreux cerisiers, encore debout, n'ont pas fleuri. «Le coupable», si on peut le nommer ainsi, est le capnode, un insecte ravageur qui est en train de décimer l'une des principales sources de rente des agriculteurs de haute montagne. Même si l'insecte s'attaque également, aux autres arbres fruitiers à pépins, c'est surtout le cerisier qui en pâtit le plus. Les grandes cerisaies qui, il fut un temps, faisaient la fierté des paysans de Aïn El Hammam, se sont rétrécies, ces dernières années. De nombreux vergers, jadis verdoyants où foisonnait «le fruit des anges» ne sont plus que ronces et maquis. Les consommateurs ressentent cette «détérioration» en constatant que les prix des cerises grimpent jusqu'à devenir inabordables, même en pleine saison. Dans les champs, les cerisiers, rabougris, dépérissent peu à peu. Leurs branches perdent leurs feuilles une à une avant que le mal ne s'y installe sournoisement. Le chêne vert et les autres arbustes sauvages gagnent inexorablement du terrain. Pour préserver ce qui peut l'être, des agriculteurs jaloux de leurs vergers se démènent en traitant leurs vergers avec des produits chimiques, malheureusement hors de prix. «A ce prix, je sélectionne quelques sujets encore sains que je protège pour la consommation familiale», nous confie un sexagénaire qui, il y a une dizaine d'années, tirait des revenus importants de la vente de ses cerises. Malgré les appels des agriculteurs, suivis de vaines promesses des autorités, la menace du capnode, cet insecte vorace, se fait de plus en plus inquiétante. Les spécialistes préconisent un traitement systématique qui ne peut s'effectuer sans l'intervention de l'Etat. Des sources au fait de la question nous informent qu'«une action de lutte contre le capnode était retenue pour 2011» et une enveloppe aurait été dégagée en conséquence. «Dans cette optique, la conservation des forêts avait envisagé quelques actions à même de donner plus d'efficacité à la lutte. Une opération de recensement devait être menée auprès des agriculteurs dont les champs sont attaqués par cet insecte», ajoute notre interlocuteur. Force est de reconnaître que cette opération demeure toujours un vœu pieux. Sur le terrain, on ne constate ni traitement ni plantation, devant contribuer à la régénération des cerisaies. Sachant que le parasite s'attaque aussi aux autres rosacées tels l'abricotier, le pommier ou l'amandier, les propriétaires de vergers ne peuvent que constater, impuissants, les dégâts de ce fléau. Le fumier équin, comme traitement naturel, tout comme ces nombreux produits vendus dans le commerce, semblent d'une efficacité limitée. «Quel que soit le remède préconisé, il reste inefficient devant l'absence de traitement global dans la région», estime un agriculteur qui indique que l'insecte se déplace rapidement et peut infester, à nouveau, les arbres traités, dès la saison suivante si le traitement n'est pas correctement effectué dans les propriétés voisines. La période allant de mai à juillet est, d'après les spécialistes, la plus propice pour le traitement des cerisiers. Elle ne doit pas être ratée sous peine de voir le capnode continuer son travail d'éradication du cerisier.