Les acteurs politiques s'accordent sur le fait que cette nouvelle équipe gouvernementale est en «contrat à durée limitée», dans l'attente que les choses se clarifient avec l'opposition. Le nouveau gouvernement Sellal fait déjà l'objet de vives critiques de la part des partis de l'opposition, au lendemain de sa désignation. Même l'arrivée de cinq femmes à la tête de différents ministères n'a pas trouvé grâce aux yeux des formations politiques. Cette féminisation de l'équipe Sellal est considérée comme un coup de marketing. «Ce n'est pas en féminisant le gouvernement qu'on va régler nos problèmes, estime Ali Fawzi Rebaïne, président de Ahd 54. Ce n'est pas un gouvernement capable de prendre en charge les problèmes majeurs qui nous attendent.» Ou comme le résultat de la mise en place d'un plan B, après l'échec de la tentative de faire participer l'opposition dans le nouveau gouvernement. «Ils ont été contraint de passer à un autre plan dès lors que l'opposition avait refusé de rentrer au gouvernement», affirme Noureddine Bahbouh, président de l'Union des forces démocratiques et sociales (UFDS), qui a soutenu Ali Benflis lors de la présidentielle. «Cette équipe Sellal 2 ne sera pas en mesure de tenir les promesses irréalisables faites par le Premier ministre lors de la présidentielle.» Une analyse que ne partage pas l'ancien candidat à la présidentielle, qui estime pour sa part que la tentative de dialogue avec certains partis est un leurre, qu'en réalité le régime ne voulait pas être bloqué dans sa politique. «En intégrant l'opposition, le pouvoir aurait pris le risque d'être bloqué dans la mise en place de sa politique libérale pour ouvrir la voie à l'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). D'ailleurs, tout indique que ce gouvernement mettra fin aux subventions.» Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) estime : «Par ce nouveau montage gouvernemental, les Algériens ont cette certitude que les difficultés du pays vont s'aggraver et qu'il est illusoire d'espérer, avec ce pouvoir, une sortie sans risques majeurs face aux sombres perspectives qui guettent le pays.» Et d'ajouter : «Le pouvoir a puisé encore une fois dans les rangs du petit club de sa clientèle. La composante du gouvernement est une copie de la carte clanique et génétique du système, qui se chargera du maintien du statu quo.» Un point de vue que partage le patron de l'UFDS, qui estime que ce gouvernement est formé de «pseudo technocrates qui ont soutenu la campagne de Bouteflika». Pour Abderrazak Makri, patron du MSP, ce gouvernement marque le mépris du régime pour la Constitution. Pour le leader de la formation islamique, il est inconcevable d'avoir fait voter les Algériens en 2012 pour élire une Assemblée populaire nationale (APN) et ne pas retrouver dans la composante du gouvernement les principaux partis de l'APN. «Pourquoi faire des textes si on ne les applique pas, se demande Abderrazak Makri. Les textes disent une chose et le régime fait autre chose.» Mais tous s'accordent à estimer que cette nouvelle équipe gouvernementale est en «contrat à durée limitée». Un gouvernement de transition, dans l'attente que les choses se clarifient avec l'opposition. «Je pense que le pouvoir va continuer de discuter avec l'opposition pour l'amener à participer dans le prochain gouvernement. Le pouvoir veut créer un grand rassemblement de forces politiques autour du Président», affirme Noureddine Bahbouh. Ce qui fait dire à Abderrazak Makri que si le régime veut discuter avec l'opposition, il devra «l'écouter et accepter une transition démocratique négociée».