Des partis de l'opposition refusent de figurer dans le gouvernement et de participer aux consultations sur la révision de la Constitution. Après avoir acquis le 4e mandat pour le chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, le pouvoir risque de se retrouver face à lui-même pour mener ses projets politiques en chantier. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, reconduit après l'élection présidentielle du 17 avril, qui veut composer un gouvernement, où le maximum de formations politiques soient représentées, se heurte au refus des partis de l'opposition et même de ceux qui n'ont jamais critiqué le président Bouteflika. Le deuxième projet du pouvoir, à savoir l'élaboration d'une Constitution consensuelle, est également rejeté par l'opposition. Ainsi, le pouvoir risque de travailler avec les partis qui le composent, même s'il ne veut plus tourner le dos aux forces de proposition. Pour la composition du gouvernement, M.Sellal a fait déjà face au refus du FFS et du PT. Ali Laskri, membre de l'instance présidentielle du FFS, a annoncé, avant-hier, que «l'instance présidentielle du FFS a été contactée par M.Sellal pour lui proposer d'entrer au gouvernement avec deux ministres pour appliquer le programme du président.» Le FFS a opposé un refus catégorique. «La direction nationale du FFS a décliné cette proposition au motif que la priorité du FFS est la reconstruction d'un Consensus national et l'organisation d'une conférence nationale de consensus», a expliqué M. Laskri. Il ajoute que «le FFS n'envisage pas d'entrer dans un gouvernement avant l'aboutissement de ce projet qui vise à élaborer, avec l'opposition politique, la société et le pouvoir, un programme consensuel de sortie de crise». De son côté, la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, a annoncé, hier, avoir été contactée par le Premier ministre pour figurer dans son gouvernement. Elle a précisé qu'elle a décliné l'offre. Ces refus interviennent au moment où une partie de la classe politique travaille sur un projet de transition démocratique. Ils interviennent aussi au moment où des acteurs de la société civile veulent un gouvernement d'union nationale. Ali Brahimi, porte-parole du Mouvement citoyen pour les libertés et le développement (Mcld), nous a déclaré qu'il souhaite la nomination d'un gouvernement de technocrates ou d'union nationale chargé de prendre à bras-le-corps les urgentes réformes politiques et économiques. «Nous espérons que le président et M.Sellal oseront éviter la reconduction des ministres qui traînent des casseroles trop bruyantes de leur très mauvaise gouvernance», a-t-il plaidé. La même opposition est observée en ce qui concerne la proposition de l'élaboration d'une Constitution consensuelle avec la participation de tous les partis. En plus du fait que le projet enterre les consultations politiques menées en 2011 par le président du Sénat, Abdelkader Bensalah, ainsi que le travail de la commission installée en 2012 à cet effet, ce projet rencontre le rejet de l'opposition. La Coordination pour les libertés et la transition démocratique estime que le discours du pouvoir sur ce projet est une «méthode surannée dont le seul objectif est d'étouffer les revendications de l'opposition et de les vider de leur contenu». Le candidat à la présidentielle, Ali Benflis, a exprimé, lui aussi, son opposition à ce projet de Constitution consensuelle. Le président du MSP, Abderrazak Makri, a annoncé déjà que son parti ne participera pas aux consultations sur ce projet du pouvoir, accusé de vouloir adopter des revendications de l'opposition pour les diluer.