Nous avons revendiqué des hausses salariales conséquentes et en échange l'administration nous a offert une augmentation symbolique », ont déploré les représentants du syndicat autonome. M.Osmane, premier responsable du Conseil des lycées d'Alger (CLA), qualifie ces augmentations de forfaitaires. D'après lui, le groupe de travail qui s'est penché sur la revalorisation des salaires des travailleurs de la Fonction publique n'a pas touché au salaire principal, revendication fondamentale de tous les fonctionnaires des secteurs rattachés à la Fonction publique. Pour M. Osmane, ce groupe de travail s'est contenté de remodeler les « accessoires ». « Nous avons demandé une augmentation principale des salaires afin de vivre décemment. Une augmentation conséquente qui permet l'amélioration des conditions socioprofessionnelles de l'enseignant, en vain », a déclaré, déçu, M.Osmane. Notre interlocuteur s'est dit persuadé que ces augmentations, réparties sur cinq paliers, visent ni plus ni moins l'étouffement de la contestation. Un mécontentement qui risque de perturber le bon déroulement de la rentrée sociale. « Les pouvoirs publics étaient dans l'obligation de répondre immédiatement à l'attente des citoyens afin d'éviter le pourrissement. Les employés de la Fonction publique ont réclamé, à maintes reprises, un salaire décent. Il se sont accrochés, à cet effet, aux promesses du gouvernement. L'Etat, pour calmer les esprits, a alors opté pour ce type d'augmentations. Des changements insignifiants par rapport au pouvoir d'achat », a soutenu notre interlocuteur. Celui-ci, trop déçu, estime que les pouvoirs publics n'ont pas réglé le problème et n'ont pas répondu favorablement aux revendications des travailleurs. « En haut lieu, ils ont d'autres préoccupations. Ils (les décideurs) ont des échéances politiques à préparer et dans ce sillage, ils ne veulent pas de perturbations, ni de grognement du côté sociale », a lancé un représentant du CLA, qui regrette l'absence de détails concernant cette nouvelle donne. « Nous ignorons à titre d'exemple si cette augmentation est prise dans le calcul de la retraite. Aucune information n'a filtré sur l'article 87 bis. Plusieurs autres revendications des travailleurs ont été occultées », dira M. Osmane. Pour sa part, M. Lemdani chargé de communication au niveau du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) a rappelé que les travailleurs de la Fonction publique ont demandé une augmentation de 100% du salaire de base pour garantir une retraite conséquente. « Nous n'avons jamais revendiqué l'augmentation des primes, mais plutôt demandé un changement au niveau du SNMG en fonction des diplômes des travailleurs et non pas en prenant en compte les postes de travail. Il est impérativement nécessaire de prendre en considération le volet qualification de chaque fonctionnaire. Il est inadmissible de mettre tout le monde dans la même catégorie », a soutenu le représentant du Cnapest, qui a insisté sur la reclassification des salaires. Vu la cherté de la vie, un syndicaliste estime qu'un enseignant ne doit pas toucher moins de 40 000 DA. « Pour l'heure, nous n'avons aucune idée sur l'augmentation dont bénéficiera l'enseignant qui vit dans la précarité, mais nous estimons que quel que soit le taux, celui-ci doit être révisé et actualisé chaque année, et ce, en fonction de l'inflation et du coût de la vie. » Un autre syndicaliste réfute l'idée d'une augmentation des salaires. Il considère la démarche du gouvernement comme une sorte de rattrapage cumulé durant plusieurs décennies. « Ce ne sont pas de véritables augmentations, mais le pouvoir a essayé de rattraper le retard cumulé dans ce domaine depuis plusieurs années. Cet état de fait ne va pas régler le problème », affirme-t-il. Par ailleurs, les syndicalistes affiliés au Conseil national des enseignants du supérieur (CNES) et qui sont toujours en grève depuis le 13 mai dernier ont refusé de se prononcer sur la démarche du gouvernement, estimant que celui-ci a répondu à l'ensemble des demandeurs. « En ce qui nous concerne, nous avons fait des demandes spécifiques et nous considérons que jusqu'à l'heure nous n'avons reçu aucune réponse. Nous n'avons été sollicités par aucune partie pour débattre des points énumérés dans notre plate-forme de revendications et donc nous ne pouvons pas nous prononcer sur ces augmentations », a soutenu M. El Bahi, qui toutefois se félicite de l'éloquence du premier magistrat du pays « qui a avancé le montant des augmentations chiffrés, et ce, contrairement au ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique qui s'est toujours confiné dans un silence ou à défaut, il donne des informations vagues et non convaincantes », a souligné notre interlocuteur.