Le secteur de l'éducation nationale est le parent pauvre du pays ». Cette déclaration à chaud d'un enseignant du secondaire illustre, à elle seule, la déception de l'ensemble des fonctionnaires de ce secteur par rapport aux résultats de la bipartite UGTA-gouvernement. Certains syndicats autonomes, à l'image de l'Union nationale des professeurs du personnel de l'éducation et de la formation (Unpef), ont critiqué vivement la démarche du chef du gouvernement du fait qu'il a exclu et marginalisé les véritables représentants des travailleurs de l'éducation. D'autres syndicats, même s'ils qualifient d'insuffisante et de dérisoire l'augmentation dont a bénéficié le secteur, considèrent cette revalorisation comme étant un acquis arraché après un long combat. Outré, M. Ider, premier responsable de l'Unpef, a tenu à préciser que les syndicats autonomes ont été les premiers à revendiquer une augmentation conséquente des salaires. « Ce n'est pas l'UGTA qui s'est battue sur le terrain, mais ce sont les représentants autonomes de l'éducation qui ont posé la problématique des salaires », a souligné notre interlocuteur, qui fera remarquer avec regret que l'UGTA était le seul partenaire invité à s'asseoir autour de la table des négociations. « L'UGTA a très mal négocié l'augmentation de la grille des salaires des travailleurs de l'éducation parce que, tout simplement, elle ignore complètement la structure organique du secteur. Elle ignore qu'il existe 49 corps et non pas trois paliers, à savoir les enseignants du primaire, du moyen et du secondaire », a expliqué M. Ider. « L'Etat nous demande de changer complètement de cap avec la mise en œuvre de la réforme. On nous demande de doubler nos efforts. Mais lorsqu'il s'agit des salaires, nous sommes payés comme de simples ouvriers. A quoi servent alors nos diplômes et nos études supérieures. Notre mission est d'éduquer les enfants... », a déclaré M. Ider qui accuse l'UGTA de faire dans l'amalgame. Notre interlocuteur a félicité l'initiative du premier magistrat du pays consistant à débloquer une enveloppe financière pour les augmentations des salaires, mais a déploré la mauvaise répartition de cet argent. M. Ider qualifie cette augmentation de sanction à l'égard des enseignants. « Avec de tels salaires, l'école algérienne n'attirera jamais les compétences. Nous estimons qu'à chacun sa part qui lui revient de droit, et ce, selon ses compétences et ses responsabilités. On ne met pas tout le monde dans un même sac et c'est pour cette raison que nous contestons ces augmentations », a soutenu le représentant de l'Unpef. le pluralisme syndical, une illusion Celui-ci estime que les pouvoirs publics aurait dû solliciter pour consultation les véritables représentants des travailleurs. « Dans ce cas de figure, on aurait pu nous dire que l'on ne figure pas dans leur échiquier et que le pluralisme syndical n'est qu'une illusion », note-t-il. M. Lemdani, porte-parole du Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest),abonde dans le même sens. « Nous déplorons le fait que les véritables représentants des travailleurs n'ont pas été associés aux négociations , pourtant ils sont les mieux placés pour parler des revendications socioprofessionnelles des fonctionnaires. L'exclusion des élus syndicaux dénote tout simplement l'absence de liberté syndicale en Algérie », lance M. Lemdani, tout en indiquant que l'on ne négocie pas avec son allié déclaré. L'UGTA, pour le Cnapest, ne représente pas les fonctionnaires, d'autant plus que la centrale syndicale n'a rien fait pour les travailleurs. Notre interlocuteur qualifie les augmentations réservées au secteur de l'éducation d'insuffisantes pour l'unique raison qu'elles ne corrigent pas la chute vertigineuse du pouvoir d'achat de l'enseignant. « Il y a une détérioration du pouvoir d'achat et ces augmentations ne sont pas conséquentes puisqu'elles ne couvrent même pas les dernières augmentations des charges, notamment l'eau et l'électricité et le gaz... », a affirmé le porte-parole du Cnapest, un syndicat qui a, de tout temps, revendiqué un salaire conséquent qui garantit à l'enseignant une vie décente et un statut social considérable. Le Cnapest réclame une nouvelle politique salariale en Algérie. « Nous voulons que l'Etat adapte les salaires à la réalité du pays. Nous voulons que l'échelle de valeur et les qualifications soient prises en considération », dira notre interlocuteur. Pour leur part, les représentants du Satef jugent insuffisantes les augmentations, mais restent optimistes du fait que leur combat a arraché ce principe. « En tant que syndicat, nous considérons cette augmentation comme étant un pas positif. C'est un acquis arraché grâce à notre mobilisation et nous allons continuer dans ce sens », a soutenu M. Bekhouche. Par ailleurs, M. Osmane, représentant du Conseil des lycées d'Alger (CLA), relève que l'annonce d'une augmentation des salaires sous forme d'une revalorisation de l'indemnité de compensation de revenus reste un succès incomplet des grèves des enseignants.