L'opposition a exprimé une fin de non-recevoir à la proposition de consultations politiques menées par Ahmed Ouyahia en vue d'un consensus sur la révision constitutionnelle. Comme pour la constitution du gouvernement, Abdelaziz Bouteflika aura du mal à trouver des partenaires pour son dialogue autour de la révision de la Constitution. La Coordination nationale pour les libertés et une transition démocratique a d'ores et déjà décliné l'offre du pouvoir, estimant que ce dernier n'est pas sérieux. «Il y a deux ans, le pouvoir avait entamé un semblant de dialogue. Nous avions organisé des rencontres et élaboré des documents. Nous avons fait connaître nos propositions. Mais aucune remarque n'a été prise en compte», rappelle le président du MSP, Abderrazak Makri, qui s'exprimait hier, à l'ouverture d'une conférence des cadres de son parti, organisée à Zéralda (Alger). «Après cette expérience, nous n'allons plus jouer à ce jeu et perdre du temps», a encore indiqué le leader islamiste, qui tranche ainsi cette question de participer ou pas aux consultations que propose le pouvoir. Makri va plus loin en affirmant que le «pouvoir se moque» des Algériens. Les autres partis politiques et personnalités qui composent cette coordination n'en pensent pas moins. «M. Bouteflika veut prendre de vitesse l'opposition pour essayer de se donner une légitimité à travers la participation de cette opposition à la révision constitutionnelle. Non, nous ne participerons pas», a indiqué de son côté Soufiane Djilali, rencontré à la Mutuelle des matériaux de construction à Zéralda. «Un artisan patenté des putschs et des viols de la Constitution ne peut faire croire à l'élaboration d'une Constitution qui garantira la démocratie, l'égalité et la liberté. Et cela surtout que les discussions et le chantier sont confiés à un artisan de la fraude et des sales besognes», a affirmé de son côté le chargé de communication du RCD au site TSA. Il y a quelques jours, Ali Benflis, qui s'inscrit lui aussi dans l'opposition au système, a insinué qu'il n'irait pas aux consultations politiques. Il a énuméré, dans un document remis aux membres de la Coordination, les insuffisances qu'il a trouvées dans la proposition du pouvoir. Parmi les failles mentionnées, on trouve notamment le «manque de crédibilité» du pouvoir en place. Pis, il accuse celui-ci de vouloir, à travers cette proposition «tactique», de faire diversion. Pour tenter de minimiser la portée de telles réactions hostiles, Abdelaziz Bouteflika est revenu à la charge. Dans un message adressé aux Algériens à l'occasion de la célébration du 8 Mai 1945, il a indiqué qu'il s'emploierait «prochainement à réaliser l'engagement pris pour opérer un changement profond dans la Constitution et promouvoir la vie politique, économique et sociale de manière à consacrer une Algérie forte, orientée vers le progrès et la modernité». Voulant manifestement écarter tout risque de désaffection de la démarche, Abdelaziz Bouteflika rappelle que «la démocratie ne veut pas dire crispation, invective et intimidation» et qu'«une démocratie saine ne se construit pas sur la discorde systématique et les antagonismes». En attendant la réponse du FFS qui interviendra dans les prochains jours, seul le Parti des travailleurs a déjà annoncé sa participation aux consultations de Bouteflika. Le PT «a pris acte de la décision du président de la République de lancer de nouvelles consultations sur la révision de la Constitution» et «le parti, qui milite pour une refonte globale de cette Constitution, est prêt à participer au débat», a indiqué un communiqué du PT repris hier par l'APS. Le chef de l'Etat a annoncé, mercredi, le début des consultations politiques en juin prochain pour une révision de la Constitution. Il a chargé Ahmed Ouyahia de mener les débats.