Les habitants de la cité El Korti continuent d'organiser régulièrement des sit-in devant le siège de la wilaya de Ghardaïa pour dénoncer les agressions qu'ils subissent quotidiennement sans que les autorités arrivent à y mettre un terme. «Trop, c'est trop, nous voulons des mesures exceptionnelles pour protéger nos familles et nos maisons», tempête un quinquagénaire, ajoutant : «Des bus de l'entreprise de transport public de Ghardaïa sont fréquemment lapidés sur le tronçon de Châabet Telli. Mardi, un bus de la ligne 53 appartenant à cette entreprise publique a fait l'objet d'une agression dans ce périmètre qui englobe les cités Aâffafra, Belghenem, Ighouza et Châabet Telli.» La cité El Korti est la seule à majorité arabe dans tout ce périmètre mozabite qui va jusqu'à Lachbor, El Ghaba (La palmeraie) et Touzzouz. Des habitants témoignent de spéculations foncières allant bon train sur leur dos, leurs agresseurs leur proposent la modique somme de 120 millions pour des appartements en plein centre-ville. «Quelques familles n'ont pas supporté cette pression, brisées par cette situation elles sont parties. C'est une opération d'usure à long terme.» Un habitant d'El Korti, professeur de sciences dans un lycée de Ghardaïa, déclare à qui veut l'entendre : «C'est la dernière fois qu'on vient solliciter l'intervention des autorités. Si elles ne sont pas capables de réunir des conditions minimales de sécurité pour cette cité enclavée, nous nous défendrons nous-mêmes. Nous avons toujours été des légalistes, et de ce fait laissé nos autorités faire leur travail. Mais là, c'est trop, ça dure depuis maintenant près de 4 mois.». Encore une fois, une délégation composée de cinq hommes et une femme a été reçue par le chef de cabinet de la wilaya qui a promis de faire le nécessaire en matière de sécurité et d'assurer le transport vers cette cité qui n'en finit pas de faire parler d'elle. «Pour moi, des responsables qui n'arrivent pas à imposer une sécurité sur une aussi petite surface que la cité El Korti ne peuvent prétendre l'imposer à toute cette vallée qui vit constamment comme un volcan en ébullition.» Rencontrée devant les grilles de la wilaya, une dame d'un certain âge prend la presse à témoin : «Je ne sais plus quoi faire, je suis veuve avec trois filles à charge. Personne n'est venu nous protéger, à part nos voisins qui ont tout fait pour nous épargner un incendie qui menaçait notre seul bien. Où aller ? Je suis à bout de forces, je veux que nos responsables arrêtent de nous abreuver de discours. Tous comme nous sommes nous ne voulons que vivre en paix, en sécurité et en parfaite harmonie avec nos voisins. Est-ce trop demander ?», sanglote-elle, une larme coulant sur sa joue qu'elle essuie subrepticement, s'éloignant en silence.