Les quartiers arabes de Ghardaïa sont pris dans un étau. Après plusieurs agressions dont une sur une fillette de 18 mois le week-end, c'est autour du quartier arabe d'El Korti de connaître de nouvelles attaques qui ont jeté la peu sur la population encore endeuillée par les derniers événements qui se sont prolongés trois mois durant. « Hagrouna oua Khadouûna » crie de toute son âme une vieille dame devant les grilles de la wilaya de Ghardaïa, « ils m'ont jeté dehors avant de mettre le feu à ma maison, je n'ai rien pris, c'est des traîtres et des lâches qui s'attaquent aux femmes et aux enfants à la faveur de la nuit et de l'obscurité qui règne dans notre cité.» L'attaque selon les témoignages recueillis auprès des dizaines d'habitants venus tenir un sit in devant les grilles de la wilaya, aurait commencé subitement et par surprise, vers 20 heures. « Ils étaient plus de trois cent jeunes mozabites à nous avoir encerclés en descendant d'abord de la colline qui ceinture la palmeraie de Touzzouz puis venus simultanément de Châabet Telli, de Belghenem et d'Ighouza . C'était un plan bien préparé et bien exécuté avec minutie. C'est des stratèges qui ont préparés cette attaque en règle contre de paisibles citoyens. Pendant plus de 5 heures, nous avons dû lutter avec les moyens de bord pour défendre nos familles et nos maisons. Mais ils ont réussi à incendier trois maisons avant d'être repoussés vers 3 heures du matin par des forces de police bien lents à la manœuvre et surtout l'intervention énergique de la gendarmerie nationale » témoigne, les yeux tirés par une nuit sans sommeil, Mustapha, cadre dans une banque publique. « Ils veulent nous pousser tous à quitter cette cité qui est complètement enclavée dans les quartiers Mozabites. Nous sommes comme Gaza, complètement encerclé. Il n'y a pas une seule issue qui ne débouche sur un quartier Mozabite. Nous sommes coincés et prisonniers dans une enclave qu'ils veulent à tous prix vider de ses habitants arabes. C'est une véritable opération d'épuration et de nettoyage ethnique. Il n'y pas d'autres mots pour décrire la situation » ajoute son ami, Abderrahmane, universitaire. Houria Alioua