Dans une lettre destinée au directeur de l'éducation en date du 6 février dernier, l'ensemble des enseignants de l'établissement a lancé un véritable SOS sous forme de plainte contenant pas moins de 31 griefs contre leur directeur. De quoi soulever l'ire d'une montagne, a fortiori, quand on lit dans le cinquième point : « harcèlement contre les enseignantes et son empressement à fermer la porte du bureau dès que l'une est à l'intérieure et leur convocation après les heures de travail. » Trois jours plus tard, ce sont les parents d'élèves qui ont réagi en se plaignant pour les mêmes raisons auprès du directeur de l'éducation. Mais ce dernier est resté de marbre face à cette affaire qui aurait fait scandale sous d'autres cieux. Plusieurs missives suivront et resteront sans suite jusqu'au mois de mai où la direction décide de l'envoi d'une commission d'enquête. « Les enquêteurs ont écouté l'accusé et les deux plaignantes, mais les sanctions tomberont sur décision d'une deuxième commission composée de représentants de l'administration et de directeurs d'établissements », raconte l'un des maris des plaignantes. A la surprise de tous, la commission décidera de muter le directeur et les deux enseignantes. Décision contestée par tous d'ailleurs, à l'image des parents d'élèves qui ont signé massivement une pétition où ils ont refusé la mutation des enseignantes « arbitrairement et sans donner crédit à l'intérêt de nos enfants surtout que nous sommes à la veille des examens », et ont demandé l'annulation de la décision. Le 24 mai dernier, c'est l'une des plaignantes, Mme D. M., qui a adressé un recours au directeur du secteur critiquant la sanction, en soulignant qu'elle n'a pas bénéficié de son droit à la défense, garanti pourtant par la loi, notamment celui de répondre au conseil de discipline de la commission des employés et le fait que la commission n'a pas précisé les motifs de la décision et le degré de la faute. Sur le fond, l'enseignante n'a pas accepté l'idée qu'elle soit mise sur le même pied d'égalité avec l'accusé, en subissant la même sanction que lui. En effet, c'est une curieuse façon de faire que celle empruntée par « l'académie » qui, à y bien regarder, semble avoir agi dans le seul but d'étouffer l'affaire et éviter le scandale. Les deux familles ont décidé de porter plainte et leur dossier est déjà chez le président de la Ligue des droits de l'homme, l'avocat Boudjemaâ Ghechir.