1000 personnes vivent dans ce bidonville dépourvu des commodités de base pour une vie décente. Surplombant la capitale, le verdoyant Djebel Koukou cache bien des misères. Enfouies au milieu de la forêt, quelque 1000 âmes vivotent dans une extrême précarité. Située dans la périphérie de Beau fraisier, à Bouzaréah, cette favela est le triste symbole de la pauvreté. Ces habitants, dont certains dépendent de la commune de Oued Koriche, sont les grands oubliés de l'Etat. Pour rejoindre son école primaire distante de 3 km, le petit Mohamed, âgé de 7 ans, doit traverser la forêt en passant par un chemin sinueux, exigu et parsemé de plantes sauvages. Un chemin dangereux que ce petit bonhomme est obligé de parcourir tous les jours, ainsi que tous les enfants en bas âge scolarisés dans la même école. Si sortir de la maison est une rude épreuve pour ces petits, chez eux ils ne sont pas mieux lotis. Des masures faites de parpaings, de tôles ondulées et de pierres leur servent de gîte ainsi qu'à leur famille. «Nous n'avons pas où aller, déclare la mère de Mohamed. Nous avons saisi toutes les instances concernées pour être recasés dans des demeures décentes, mais en vain !». Comme dans tous les bidonvilles, les branchements à l'électricité sont illicites. Quant à l'eau potable, ces familles dépendent de leurs voisins plus aisés qui habitent dans le quartier résidentiel, au-dessus de leur favela. Dans ce bidonville, les dangers sont multiples. Les animaux sauvages et dangereux tels que les sangliers et les serpents envahissent les lieux, sans compter les rats qui sont devenus les voisins de ces citoyens. «Nous vivons avec eux depuis des années et personne n'a peur d'eux aujourd'hui», déclare M. Bendjilali, un résidant. Ce dernier, en compagnie de ses voisins, compagnons de misère, signale la propagation de maladies, mais encore plus dangereux, les glissements de terrain qui menacent plusieurs familles. «Cela fait 20 ans que nous sommes là et notre situation n'inquiète personne. Par temps de pluie, aucun de nous ne peut fermer l'œil la nuit, pour espérer agir à temps en cas de colère de la nature», ajoute-t-il. Yamina, mère de 3 jeunes filles universitaires et résidant depuis plus de 15 ans dans une minuscule maison dans cette forêt, déclare sentir la terre bouger sous ses pieds chaque jour. Selon M. Bendjilali, des promesses de relogement ont été faites par les responsables de l'époque, lors de la crue de Bab El Oued, mais elles n'ont jamais été tenues. Ces mêmes promesses ont refait surface après le tremblement de terre de Boumerdès. «Mais comme la priorité est toujours accordée à ceux qui sont installés au bord des routes, nous sommes toujours ici», déplore-t-il. A titre d'exemple, il cite le cas de son voisin mort d'un cancer des poumons, alors que ses enfants ont dû le porter sur leur dos pour le sortir de la forêt et le mettre dans l'unique pièce que possèdent ses défunts parents à Bab El Oued. La situation est encore pire lorsqu'une femme doit accoucher. «Nous avons protesté plusieurs fois dans l'espoir d'attirer l'attention des responsables, mais cela reste sans écho. Ils attendent qu'une catastrophe se produise ici pour venir en courant, se présentant comme des héros et sauver les dernières personnes qui auront survécu», conclut-il. A voir la situation dramatique dans laquelle survivent ces âmes, il est à se demander où est l'Etat ? Une intervention urgente du wali d'Alger est bien plus que nécessaire pour secourir ces citoyens d'un danger imminent qui peut survenir à n'importe quel moment.