Un amas de baraques en parpaing, des murs �barbouill�s � de ciment, de minuscules fen�tres, des portes en fer pour plus de s�curit�, de l��ternite comme mat�riau, des pneus... Seul le linge �tendu sur des fils fix�s aux murs donne quelques couleurs � ce paysage gris�tre. C�est la premi�re image qui s�offre � la vue dans ce bidonville de Beau-Fraisier. Erig� sur les hauteurs d�Alger, dans la commune de Oued-Koriche, ce quartier d�infortune abrite plus de soixante-dix familles. Elles ont toutes fui l'exigu�t� de leur domicile familial, � la recherche de plus d�espace. Au fil des ann�es, ces familles se sont agrandies. Rym Nasri - Alger (Le Soir) - �A l��poque, nous �tions 47 familles � vivre � proximit� d�un centre de transit. A la fin de 2000, les 22 familles qui y vivaient ont fini par �tre relog�es. Des ann�es plus tard, nous sommes toujours l�, et le nombre d�habitants du quartier a presque doubl�, raconte Rachid, qui affirme �tre parmi les plus anciens habitants de ces taudis. En venant se greffer � un centre de transit en 1995, Rachid ne savait pas qu�il allait passer plusieurs ann�es dans ce bidonville. C�est dans une unique pi�ce de 9 m2, un espace am�nag� en cuisine avec un coin pour les sanitaires, que lui, sa femme et ses quatre enfants ont pass� toutes ces ann�es. M�me leurs maigres meubles ont �t� �sacrifi�s�. �Afin de gagner plus d�espace, je me suis d�barrass�e des meubles qui nous encombraient�, assure son �pouse. Le calvaire des habitants de ce bidonville date des inondations de 2001 de Bab-El-Oued qui ont endommag� leurs maisons. �Nous avons pass� tout le mois de Ramadan � la polyclinique de Beau-Fraisier qui surplombe le quartier. On nous a promis des chalets, mais nous n�avons rien eu. Nous �tions alors oblig�s de d�gager la boue, de nettoyer les lieux et de restaurer nos maisons pour y revenir�, explique Rachid. Depuis, poursuit-il, �on nous a mis aux oubliettes. Les habitants de plusieurs quartiers limitrophes ont �t� relog�s, mais pas nous. Les op�rations de relogement les plus r�centes ont touch� des quartiers voisins, � la Carri�re Jaubert et � Djenane-Hassan�, regrette Rachid. Dans la commune d�Oued- Koriche, les familles qui occupent ces habitations pr�caires ont contact� les responsables de leur APC, de la da�ra de Bab-El-Oued et m�me de la wilaya d�Alger, en vain. �L�Etat semble nous avoir oubli�s�, peste Rachid. La situation de son voisin Sofiane, 42 ans, est pire. Handicap� moteur � 100 %, le parterre en ciment rugueux lui occasionne souvent des blessures. En effet, pour dormir, il doit enlever ses proth�ses. Mais quand il se l�ve la nuit, il lui arrive de se blesser. Un mal qu�il prend en patience depuis 16 ans. Quant � ses trois enfants dont l�a�n� est �g� de 7 ans, �ils souffrent tous d�asthme et autres probl�mes respiratoires�, pr�cise-t-il. Et d��voquer leurs dures conditions de vie. �C�est infernal de vivre sous un toit en �ternite. En �t�, c�est l�enfer, en hiver, les inondations nous guettent. La peur hante nos esprits depuis les inondations de novembre 2001. A chaque fois qu�il pleut, c�est la psychose. Les murs sont fissur�s et la pluie s�infiltre � travers la toiture.� Outre les moustiques, les mouches et les rats qui �vivent avec nous�, dit-il. Et d�ajouter : �Comme ce bidonville se situe pr�s d�une route o� le trafic des camions est tr�s important, la nuit, ces engins nous causent beaucoup de d�sagr�ments.� Devant cette longue liste de probl�mes, Sofiane s�interroge sur les raisons de cet �oubli� par les autorit�s concern�es. �Nous avons re�u beaucoup de promesses mais aucune n�a �t� tenue. Les autorit�s locales r�pondent toujours qu�elles n�ont pas re�u d�ordre pour nous reloger�, affirme-t-il. Toutefois, il ne manquera pas de constater que �les gens qui b�n�ficient d�un recasement sont ceux qui ont recours aux �meutes�, souligne-t-il. �Doit-on agir comme eux pour se faire entendre ? N�avons-nous pas droit � un logement d�cent comme tout le monde ? Sommes-nous r�ellement des Alg�riens ? � s�interroget-il. Sofiane et ses voisins estiment qu�ils vivent une injustice dans leur propre pays. Pourtant, dit-il, �on ne demande qu�un simple droit : un logement d�cent pour nos enfants�. Selon eux, s�ils n�ont pas �t� touch�s par les nombreuses op�rations de relogement � l�instar des diff�rents quartiers d�Alger, c�est parce que leur site n�int�resse personne. �La priorit� est donn�e aux sites qui int�ressent les autorit�s�, disent-ils. Ne sachant plus � qui s�adresser, les habitants du bidonville de Beau-Fraisier interpellent le pr�sident de la R�publique pour qu�il soit mis fin � leur situation pr�caire qui n�a que trop dur�. R. N. Pas de certificat de r�sidence pour les �hors-la-loi� Les r�sidants du bidonville de Beau-Fraisier affirment qu�ils n�ont pas droit � un certificat de r�sidence, document important pour se faire �tablir une carte nationale d�identit�. �Le nouveau maire refuse de nous d�livrer le document attestant notre r�sidence dans la commune d�Oued- Koriche. Il nous a trait�s de ��hors-la-loi���, ont-ils dit. R. N. Walid, le petit yaouled Ag� de deux ans et demi, Walid dort sous l�armoire. C�est l�ultime solution qu�ont trouv�e ses parents pour �caser� leurs 5 enfants la nuit. Ce petit blondinet � la queue de cheval passe toute la journ�e dans une grande cour, � proximit� de chez lui, dans ce bidonville de Beau-Fraisier. Il n�y a ni balan�oire, ni toboggan, ni tourniquet pour Walid. Ici, les lieux sont occup�s par des camions et des bus. La vaste cour a �t� transform�e en parking, au milieu de deux rang�es d�habitations pr�caires. �Outre la poussi�re et la pollution provoqu�es par tous ces poids lourds, nos enfants risquent � tout moment de se faire �craser. D�ailleurs, Walid a d�j� �t� percut� par un camion. C�est un miracle qu�il en soit sorti indemne�, se plaint a�mi Sa�d, le voisin des parents de Walid. Ceci sans parler du probl�me des chiens errants qui envahissent les lieux et du danger qu�ils repr�sentent pour les riverains.