« Pas moins de 86 constructions illicites sont destinées à être démolies à Oran. » C'est ce qui ressort, en tous cas, du bilan du premier trimestre 2006, arrêté par la direction locale de l'Urbanisme, consigné dans un rapport destiné à être transmis au ministère de tutelle. Pour que les bulldozers passent à l'action, il aura fallu des documents « consistants » émanant des autorités locales. Ainsi, 66 arrêtés viennent d'être signés par les différents maires, au moment où une vingtaine d'autres ont été paraphés par le wali. Mais, pour que les pouvoirs publics apposent leur sceau sur ces documents, ces derniers s'appuient, en fait, sur de « sérieux » rapport d'expertises concoctées par des inspecteurs de l'urbanisme. Ces derniers, se référant à la toute récente loi du 14 août dernier, sont à pied d'œuvre pour « faire respecter la loi. Toute la loi sur les 17 000 hectares construits à Oran. » Inspiré de l'épisode douloureux des dégâts disproportionnés causés par le séisme qui a ébranlé, en 2003, la wilaya de Boumerdès, le texte visait, en effet, de mettre un terme à l'anarchie qui caractérise le domaine de la construction. Bidonvilisation La loi voulait, ainsi, s'en prendre à la bidonvilisation qui gangrène nos villes. Mais, comment se prend une décision de démolition aussi sensible ? « Une douzaine d'inspecteurs de l'urbanisme, sans compter les agents d'urbanisme municipaux, s'appuient, en fait, sur deux arguments distincts : Un aspect juridique (absence de permis de construire, par exemple) et un autre technique (non respect des normes d'urbanisme). Ces urbanistes sont habilités à juger de la conformité des constructions lors de contrôles de routines. Un rapport est ainsi rédigé en bonne et due forme et envoyé aux maires pour la signature. Il arrive aussi que ces dossiers bien ficelés atterrissent sur le bureau du wali. Ce dernier, après avoir vérifié le bien fondé des arguments contenus dans le procès verbal des experts, signe enfin ce fameux arrêté de démolition », explique M.Belarbi, chargé de la communication de la direction locale de l'Urbanisme. Outre ces arrêtés administratifs, la même direction a enregistré 76 demandes volontaires de démolitions émanant de propriétaires d'édifices, durant le premier trimestre 2006. Une cinquantaine d'autorisations y ont été accordées. Dans le même sillage, la même direction a enregistré 882 demandes de permis de construire durant le premier trimestre de l'année en cours. 376 ont été accordées. 520 ont reçu des avis défavorables, dont 225 s'appuyant sur des arguments techniques et 295 sur des motifs juridiques. Pas question de jouer sur les normes sécuritaires de l'urbanisme. La loi oblige, ainsi, de tout constructeur, un dossier « bétonné » en termes de normes à respecter. Des normes se voulant être, désormais, un rempart contre l'anarchie.