À Alger, 70 000 logements sont concernés par ces études d'évaluation, soit avant leur démolition, soit avant leur confortement. Le directeur de l'urbanisme au ministère de l'Habitat, M. Makhlouf Naït Saâda, estime que si le vieux bâti est entretenu, il ne constituera pas un danger aux populations. S'opposant à toutes les estimations et autres déclarations des observateurs, M. Naït Saâda affirme que le parc national est pratiquement jeune. “À l'Indépendance, plus précisément en 1966, nous avons hérité de 1,9 million de logements. Aujourd'hui, le parc est composé de près de 7 millions d'unités. Par conséquent, moins de 40% des logements ne dépassent pas 40 années d'âge”, souligne ce responsable. Il affirme que l'Etat a dégagé une enveloppe qui avoisine les 860 millions de DA pour établir un diagnostic de ces anciennes habitations, notamment dans les grandes villes du pays, à savoir Alger, Oran, Annaba et Constantine. Des équipes dotées d'équipements modernes auront donc à effectuer des études d'évaluation pour distinguer les immeubles à démolir et ceux destinés au confortement et à la réhabilitation. C'est le cas de la capitale où 17 000 immeubles, représentant quelque 70 000 logements, ont fait l'objet d'expertises. Parmi les vieilles bâtisses architecturales sises à la Casbah et aux quartiers européens (à l'époque coloniale), beaucoup de cas seront confortés et deviendront habitables pour les résidents. Les pouvoirs publics ont, pour ce type d'opérations, chargé les collectivités locales. Concernant la wilaya d'Oran, un montant de 3 milliards de DA sera réservé à la réhabilitation des immeubles situés à Sidi El-Houari et El-Hamri… Mieux, indique le directeur central au ministère, il a été élaboré en 2008 un arrêté interministériel qui accorde des aides de réhabilitation aux propriétaires de ces bâtiments. Détaillant le parc national, M. Naït Saâda précise que sur les 6,7 millions de logements, 17% sont des immeubles collectifs, 55% des constructions individuelles qui ouvrent droit à des aides pour leur confortement, 20% des constructions traditionnelles de type Casbah et 8% englobent l'habitat précaire recensé essentiellement au Sud, et les bidonvilles. À noter que seules les études réalisées sont à même de déterminer le montant de l'aide qui, néanmoins, peut atteindre 700 000 DA. Toutefois, avoue-t-il, “notre priorité, c'est plus d'offrir un logement au citoyen que de trop s'occuper du vieux bâti”. Pour les immeubles qui menacent ruine, les locataires seront soit relogés dans des logements sociaux, soit ils pourront bénéficier des autres formules telles que le LSP, la location-vente ou le promotionnel. Cela sera défini suivant une étude socioéconomique des résidents. M. Naït Saâda récuse le constat établi par des experts selon lequel tout le vieux bâti est dans un état de délabrement avancé. “Je récuse cette déclaration. Je connais bien les auteurs”. Pour lui, personne ne peut avancer le moindre chiffre exact sur l'instabilité des bâtiments. “Certes, le patrimoine bâti nécessite une maintenance régulière qui, parfois, est plus coûteuse que sa réalisation. Il faut pour cela lui consacrer un budget annuel spécial”, relève-t-il. Par ailleurs, la loi sur la copropriété est, selon lui, en cours d'élaboration au ministère. Interrogé sur les espaces squattés par les citoyens en dépit de l'existence d'une loi interdisant cela, M. Naït Saâda répond : “La responsabilité est commune. On ne peut pas mettre tous les Algériens en prison.” Désormais, souligne-t-il, toute exploitation ou utilisation d'un bien immobilier est soumise à un certificat de conformité et à un permis de construire. Quant aux constructions illicites, la sanction prévue est la démolition directe. Badreddine KHRIS