Sa phrase risque de faire date : «C'est au ministère des Affaires étrangères que j'ai rencontré le racisme le plus abject.». L'ancien ambassadeur de France en Andorre démissionne et va porter plainte pour racisme. Paris (France) De notre correspondant
Dans une lettre adressée à François Hollande, Zaïr Kédadouche a laissé tomber le langage diplomatique pour dire ses vérités. Et il en a gros sur le cœur. «Pour la première fois, j'ai appris que mon nom pouvait être un handicap sur un certain nombre de nominations, des traitements différenciés par de hauts fonctionnaires du Quai d'Orsay.» Né à Tourcoing (Nord), où ses parents étaient arrivés d'Algérie au milieu des années 1950, Zaïr Kédadouche a grandi avec quatre frères et une sœur dans le bidonville de la porte de La Villette. L'ancien footballeur professionnel de 1975 à 1986 au Paris FC puis au Red Star était le symbole de la méritocratie et de la diversité. Selon Le Nouvel Observateur, l'Elysée et le Quai d'Orsay ont tenté vainement de le faire revenir sur sa décision. «Certains dirigeants au Quai d'Orsay considèrent mon origine et mon nom comme un handicap, alors qu'il peut s'agir d'un atout considérable aux yeux de toute administration des affaires étrangères au sein de nos grands pays partenaires.» L'ancien ambassadeur de France à la principauté d'Andorre a annoncé avoir porté plainte pour discrimination au sein de l'administration du ministère des Affaires étrangères, qui a dénoncé des «accusations graves» sans aucun fondement.
Erreur de casting «L'administration du Quai m'a demandé de changer ma première affectation prévue à Anvers (Belgique, ndlr) car ‘mon nom arabe serait une erreur de casting au regard de l'importance de l'extrême droite en Flandres' et pourrait ‘être ressentie comme une provocation au regard de la communauté juive importante à Anvers'. M'appelant Zaïd Kédadouche, des affectations de poste m'ont été interdites. Mais où est le principe d'égalité de traitement ?», écrit-il dans sa lettre. Pour le Quai d'Orsay, il n'y a jamais eu d'affaire Kédadouche. Dans un communiqué, le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères dénonce des «accusations graves qui n'ont aucun fondement et sont inacceptables. A ce jour, le ministère des Affaires étrangères et du Développement international n'a d'ailleurs fait l'objet d'aucune demande d'information de la part du défenseur des droits ni de la justice». Zaïr Kédadouche affirme s'être tourné vers le défenseur des droits, avant de saisir le procureur de la République. Si sa plainte n'aboutit pas, il promet d'aller devant la Cour européenne des droits de l'homme.