Un dispositif de surveillance et d'alerte destiné à prévenir la fièvre aphteuse a été mis en place dans les wilayas adossées à la frontière est, au lendemain de la déclaration, en Tunisie, de foyers de cette maladie et la mort d'une vache dans la région de Jendouba. A El Tarf, Tébessa et Souk Ahras, mais aussi dans des wilayas intérieures comme Khenchela, des mesures draconiennes ont été prises et d'importants moyens mobilisés contre cette maladie contagieuse, notamment une large vaccination du cheptel. La maladie est apparue à la mi-avril en Tunisie : d'abord à Bizerte, Hammamet et Nabeul, avant de progresser vers l'ouest où un foyer a été déclaré dans le gouvernorat de Jendouba. Depuis cette date, c'est l'état d'alerte à El Tarf. Pour faire face à la menace, des mesures ont été prises : en premier lieu l'installation de rotoluves au niveau des postes frontaliers pour désinfecter les véhicules en provenance de Tunisie, puis la décision du wali interdisant la circulation de cheptel suivie de la fermeture des marchés aux bestiaux. Les services vétérinaires, aidés des praticiens privés mis à contribution, ont procédé à une prospection systématique dans les troupeaux des communes frontalières. El Tarf, qui compte un cheptel bovin de 96 000 têtes, est en première ligne de la lutte contre la fièvre aphteuse, mais une bonne partie est vaccinée, nous ont dit les vétérinaires. A ce jour, 59 000 doses de vaccin ont été distribuées aux éleveurs. C'est à la radio locale, nous apprend l'inspecteur vétérinaire à la faveur des différentes campagnes de sensibilisation menées par les services communaux, que la campagne trouve écho, mais aussi et surtout avec l'expérience désastreuse de 1999 où 400 bovins ont dû être incinérés pour la seule wilaya d'El Tarf. L'alerte donnée n'a pas laissé indifférents la direction des services agricoles de Souk Ahras, lesquels mènent depuis trois jours une campagne de vaccination dans les communes frontalières de Aïn Zana, Ouled-Moumen, Lakhdara et Sidi Fredj. Les deux postes frontières de Heddada et Ouled Moumen connaissent à leur tour une intensification des mesures préventives ainsi qu'une mobilisation optimale des éléments des services des Douanes, des gendarmes garde-frontières (GGF) et du corps de la police. Dans leur campagne de sensibilisation, les services de la DSA ont également mobilisé une pléthore de médecins vétérinaires, appelés à effectuer des déplacements en cas de situation suspecte. Vaccination gratuite M. Rehamnia, chef du service d'organisation de la production et d'appui technique, directeur par intérim de la DSA, explique : «Nous avons partagé la wilaya en trois zones distinctes pour une meilleure maîtrise de la situation ; chaque zone compte une équipe d'intervention mobile : la partie est, une circonscription qui s'étale sur une longue partie du territoire tunisien, une autre au milieu et une troisième colonne qui se charge d'inspection et de prévention le long de la frontière dans les wilayas limitrophes, à savoir Oum El Bouaghi, Guelma et Tébessa.» Le même responsable a indiqué qu'aucun cas n'a été décelé à travers le territoire de la wilaya de Souk Ahras. Hier, des arrêtés ont été signés par le wali de Souk Ahras à la demande de la DSA pour la fermeture de tous les marchés aux bestiaux jusqu'à nouvelle décision.Des mesures d'urgence ont été prises par les services agricoles de la wilaya de Khenchela afin de prévenir la transmission de cette grave maladie particulièrement contagieuse, sans grand danger certes pour l'homme, mais catastrophique pour l'économie car elle provoque des avortements qui réduisent les effectifs et les animaux infectés restent porteurs du virus. L'alerte est prise au sérieux car Khenchela n'est qu'à100 km de la Tunisie. Le risque devient majeur. La DSA, en coordination avec la Chambre de l'agriculture, a mis à la disposition de cette campagne des moyens humains et matériels comprenant plus de 50 vétérinaires des secteurs publics et privés, mobilisés pour une large vaccination «gratuite» touchant plus de 400 000 ovins et 7000 bovins, affirme notre source. Une campagne de sensibilisation a été lancée en parallèle par la radio locale dans le but de motiver les éleveurs à rester alerte et contacter le vétérinaire le plus proche en cas de soupçon.