ALIFMA est un centre d'échanges culturels entre le Maghreb et les pays germanophones qui existe depuis l'année dernière. Le lancement de ses activités à Hambourg, au mois de mai dernier, s'est effectué, entre autres, par une conférence sur la littérature maghrébine et un concert de musique andalouse. Sa présidente, Dr Ursula Günther, islamologue de formation et enseignante de la pédagogie des religions à l'Université de Hambourg, avait consacré sa thèse de maîtrise à Fatima Mernissi, et sa thèse de doctorat à l'œuvre du professeur Mohamed Arkoun. Dans un entretien récent, l'islamologue explique que ALIFMA est une ONG indépendante dont le premier objectif est de « faire apprécier aux germanophones la culture maghrébine » et de participer de quelque façon que ce soit à la présence culturelle germanophone dans l'Afrique du Nord. « Les Maghrébins sont généreux et fiers. Ils ont un sens inné de l'hospitalité et sont porteurs d'une culture millénaire qui mérite d'être connue et appréciée », précise la présidente d'ALIFMA, qui voudrait parvenir à mettre en valeur cette culture « dans ses composantes berbère, arabe, africaine et méditerranéenne » et surtout « à la présenter aux publics germanophones et à casser les clichés qui sont la chose la mieux partagée des deux côtés » et qui se sont accentués depuis les attentats du 11 septembre et l'attentat de Djerba. Ainsi, la devise adoptée par les membres de ce centre est un proverbe arabe : « Les épines ne donnent pas de raisin », ce qui signifie pour le Dr Günther que le dialogue des cultures est nécessaire. Les responsables de ce centre comptent, dans un court terme, mettre en place des sections dans de grandes villes allemandes, au Maghreb et en Autriche, lesquelles fonctionneront indépendamment du centre principal. Le tout prochain projet s'intitule « Regards croisés » : confronter les regards « que nous portons les uns sur les autres » à travers différentes disciplines telles que le cinéma, la peinture, la littérature, la photographie, la musique et les cartes postales. Mais en attendant de préparer cette grande manifestation, ALIFMA commencera par célébrer la fête du déclenchement de la guerre d'Algérie, le 1er novembre prochain, ainsi que la parution du livre du jeune auteur marocain établi en Allemagne, Madjid Elayadi, sur la démocratie et le développement. Pour le début de l'année, il est prévu une première exposition consacrée aux œuvres de Jean Dubuffet, produites en Algérie, et une seconde dédiée aux peintres orientalistes. Plusieurs autres expositions sont également programmées, dont une consacrée aux cartes postales du Maghreb et deux autres sur les villes impériales et les ksour du Maroc. En parallèle, une série de conférences, intitulée « Cycle du Maghreb », sera consacrée à différents thèmes, dont un colloque sur saint Augustin et le dialogue interreligieux en Afrique de Nord. Et pour la première fois, il est prévu d'organiser un concours doté de prix auquel participeront des écoliers et des lycéens hambourgeois, pour leur faire connaître le Maghreb, ainsi que son histoire, sa culture et ses habitants. Le volet littérature n'est pas en reste. Parmi les projets dans ce domaine, la biennale de poésie germano-maghrebine de Heidelberg et la création d'un institut de recherche et de documentation sur le Maghreb à Hambourg, dans les années à venir. Par ailleurs, la présidente du centre précise qu'il est prévu de « réunir éditeurs, critiques et institutions concernées autour de la promotion de la littérature maghrébine dans l'aire germanophone » et leur stand à la foire internationale de Frankfort, en octobre prochain, devrait justement permettre d'approfondir leur relation avec le public et les éditeurs dans ce sens. Dans l'interview, l'islamologue exprime sa certitude quant aux embûches qui sèment leurs chemins. Et pour preuve, « notre demande de sponsoring pour la journée du Maghreb à Hambourg n'a obtenu de réponse que d'une compagnie d'aviation et d'un office de tourisme ». Cette heureuse et courageuse initiative ne pourrait qu'être bénéfique pour cette région de l'Afrique, et tout particulièrement pour l'Algérie quelque peu déconsidérée depuis un peu plus d'une décennie. Et comme le dit si bien l'islamologue, « il s'agit de dire ici, les Arabes et les musulmans ne sont pas tous des terroristes comme le laissent malheureusement entendre certains médias ».