Il a suffi d'une décision du président Bouteflika pour que les choses se précipitent. Quelques jours après la déclaration du chef de l'Etat sur la revalorisation des salaires de la Fonction publique, le ministère du Travail a annoncé, hier dans un communiqué de presse, la tenue, dimanche 2 juillet, de la 13e bipartite gouvernement - UGTA. Après plusieurs mois de valse-hésitation autour de la date d'une réunion gouvernement-UGTA-patronat sur la question des salaires, le gouvernement semble mettre aujourd'hui un point d'honneur à accélérer la cadence. Le groupe de travail (UGTA-ministère du Travail) a même finalisé son rapport avant l'échéance arrêtée par le ministre du Travail. L'enveloppe financière de 98 milliards de dinars mise sur le tapis par le président Bouteflika pour la revalorisation des salaires dans les entreprises et les administrations publiques a fortement réjoui les responsables de l'UGTA. Ces décisions sont importantes en ce sens qu'elles permettent de redonner confiance aux travailleurs et contribueront à la stabilité sociale », a estimé Abdelkader Malki, l'un des responsables de l'UGTA. Le groupe de travail (gouvernement - UGTA), chargé d'étudier les modalités de traitement du dossier des salaires des travailleurs de la Fonction publique, a opté pour une augmentation des salaires variant entre 1660 DA et 5415 DA net, soit 8500 DA brut. Mais alors que les responsables de l'UGTA voient le verre à moitié plein, ceux des syndicats autonomes considèrent, eux, le verre à moitié vide. « Nous avons demandé une augmentation principale des salaires afin de vivre décemment. Une augmentation conséquente qui permet d'améliorer les conditions socioprofessionnelles de l'enseignant, en vain », a déclaré récemment Redouane Osmane, secrétaire général du syndicat des enseignants du secondaire CLA. L'enseignant syndicaliste a, lui, sa propre lecture de la décision d'augmenter les salaires. « En haut lieu, assène-t-il, ils ont des préoccupations. Ils (les décideurs) ont des échéances politiques à préparer et, dans ce sillage, ils ne veulent pas de perturbation ni de grogne sociale. » Pour l'instant, tout se déroule comme l'avait prévu le nouveau chef du gouvernement. Dans une récente déclaration radiophonique, Abdelaziz Belkhadem a déroulé son scénario. Il avait expliqué que la première étape de l'augmentation des salaires sera de parer au plus urgent et concernera uniquement 1,5 million de fonctionnaires. La seconde étape, a-t-il dit, englobera tous les secteurs d'activités, public et privé, et consistera en la révision du salaire national minimum garanti (SNMG). Il affirme, par ailleurs, que le statut de la Fonction publique pourrait être promulgué par ordonnance présidentielle entre les deux sessions du parlement. L'annonce d'une augmentation de salaires était impatiemment attendue par les travailleurs. L'année sociale a été mouvementée. L'école, l'université, les douanes, les hôpitaux ont tous été perturbés par des grèves des travailleurs. Certains économistes algériens ne comprenaient pas que le SNMG algérien soit à 10 000 DA (100 euros environ), contre de 224 DT en Tunisie (150 euros) et 2000 DH au Maroc (200 euros), alors que le PIB par habitant est de 3000 dollars en Algérie, 2600 dollars en Tunisie et 2000 dollars au Maroc. « Le SMIG marocain en pouvoir d'achat représente le double du SNMG algérien », s'étonne l'économiste Aït Amara. Les syndicats autonomes et les travailleurs en général espèrent que les augmentations des salaires soient indexées sur le coût de la vie.