Une autre affaire de kidnapping ayant secoué la région de Tizi Ouzou a connu son dénouement dans la soirée de jeudi. Enlevé le 18 juin dernier à Tassadort, près de Tizi Ouzou, le jeune Mokhebi B., la trentaine, a été libéré en fin d'après-midi de jeudi près de Larbaâ Nath Irathen. Il est arrivé au milieu de la nuit dans son village, Aït Zaim, dans la daira de Maâtkas, à une vingtaine de kilomètres au sud de Tizi Ouzou. Cette nouvelle affaire de kidnapping a tenu en haleine pendant une dizaine de jours la famille, visée par les ravisseurs, ainsi que toute la population de la localité. Une lourde rançon avait été réclamée par le gang qui a laissé planer la menace sur leur victime à mesure que les jours passaient. La famille ciblée par ce rapt est connue dans la région dans le secteur du transport public et du commerce. Aucune indication n'a filtré sur le montant de la rançon, mais il est fort probable que les auteurs du kidnapping aient mis la main sur de fortes sommes d'argent pour relâcher leur malheureuse victime. Ces incroyables transactions de fortes rançons contre la vie de jeunes citoyens enlevés sur les routes de Kabylie consternent la population locale qui se demande si ce commerce maffieux n'en est qu'à ses débuts ou s'il profite seulement d'un moment d'impunité. Pour l'heure, l'impunité est quasi-totale et les gangs du rapt donnent l'impression d'avoir trouvé leur terrain de prédilection dans la région, où l'enlèvement, la séquestration et la libération des otages se déroulent avec la même facilité, loin d'un quelconque étau sécuritaire. Les faits survenus ces derniers jours révèlent une inquiétante démultiplication des gangs spécialisés dans les rapts. En l'espace de deux semaines, deux kidnappings ont été opérés en parallèle dans deux localités différentes de la wilaya de Tizi Ouzou. Le fils Yaker enlevé dans la région nord-est et le jeune Mokhebi tombé entre les mains d'un autre groupe au sud du chef-lieu de wilaya. Ils ont été libérés à deux jours d'intervalle, l'un mardi et le second, jeudi. L'inquiétude grandit au sein de la population, en particulier la frange visée par les rapts, les commerçants et les opérateurs économiques. Une détresse aggravée par l'incertitude entourant les mesures prises par les autorités et les services de sécurité pour remonter cette nouvelle filière de la criminalité, née il y a quelques mois. L'opinion locale demeure sceptique à propos des analyses relatives à l'obédience des groupes armés écumant les localités retirées et savent que la région n'est pas à l'abri de la constitution d'une maffia organisée capable d'acheter les armes du maquis et de les introduire dans les opérations de hold-up et de rapts. Cela est rendu possible par le retrait de l'autorité de l'Etat intervenu ces dernières années dans la région. Le redéploiement des services de sécurité se fait à un rythme laborieux alors que l'insécurité explose littéralement. Le chef-lieu de Maâtkas, théâtre du dernier forfait des ravisseurs, ne dispose ni de sûreté de daïra, ni de brigade de gendarmerie. C'est la maison de la poterie, actuellement en chantier, qui devra être réaffectée à l'usage de la Sûreté nationale. Cela devrait intervenir à la rentrée prochaine, selon les dernières déclarations des autorités locales. Un fait a illustré récemment le décalage entre la gravité de la situation et la mise en place d'un dispositif de lutte contre l'insécurité : mercredi dernier, au lendemain de la libération du jeune Yaker près d'Azazga, un déploiement des services de sécurité a été observé entre la ville d'Azazga et le chef-lieu de Tizi Ouzou. Des barrages de police ont été installés à toutes les intersections le long de la RN 12. Il ne s'agissait pas d'un quadrillage sécuritaire visant à appréhender un groupe de malfaiteurs, mais d'un simple dispositif pour sécuriser l'itinéraire du tour cycliste venant d'Akbou.