Ce soir-là, sa cheville était enflée, ses jambes lui faisaient mal : il avait reçu un coup interdit. L'arbitre lui conseillait d'arrêter le combat mais Mehdi continue. Il lève la tête et aperçoit le drapeau national flotter dans le ciel. Alors il se dit qu'il n'a pas le droit à l'échec. Il remporte le combat et revient avec une médaille d'argent. A 23 ans seulement, le palmarès de Mehdi Ghennam est impressionnant. Il n'en est pas à sa première médaille. Champion du monde par équipes et vice-champion du monde individuel à Sidney en 2000. Champion intercontinental à Tokyo en 2002. Dernière victoire en date, en Grèce, où il a remporté le titre de vice-champion du monde. Pourtant, le premier choix de Mehdi ne s'est pas tout de suite porté sur le karaté koshiki. Il commence les sports de combat très tôt. A l'âge de six ans, ses parents l'inscrivent au judo. Il en fera jusqu'à l'âge de 12 ans. En 1993, il laisse tomber le judo pour la karaté. Enfin, en 1996, il découvre le karaté koshiki. Ce karaté japonais qui s'inspire du karaté classique diffère surtout de par la tenue. « Comme c'est un sport de contact, c'est beaucoup plus violent », explique-t-il. « Alors on est forcé de mettre un casque avec une visière de sécurité et plastrum ». En réalité, ce sport a les mêmes bases que le karaté, les mêmes coups. Seuls les katas diffèrent un peu. Le karaté est au karaté koshiki, ce qu'est le rock au hard rock. En 1998, deux ans après avoir intégré ce sport, le jeune homme est sélectionné dans l'équipe nationale. « Et la suite vous la connaissez », lance-t-il. Mehdi Ghennam est un véritable passionné car rien, à part l'amour qu'il a pour son sport, ne l'encourage. Difficile est sa tâche car, en plus des heures incessantes d'entraînements, il doit continuer à étudier. Il a obtenu une licence en management, cette année, en plus de sa médaille d'argent. Mais il ne s'en plaint pas. Il sait très bien que rares sont les sportifs qui vivent du sport. Ce qui l'inquiète, c'est surtout la difficulté à trouver un sponsor. Surtout dans sa discipline. « J'ai fait du porte-à-porte pour trouver un sponsor », déclare-t-il. Parfois, les gens ne veulent même pas le recevoir. « Ils ne sponsorisent que les compétitions à l'échelle nationale », ajoute-t-il. Pour la Grèce, Mehdi a dû payer son billet d'avion. Ce qu'il souhaite de tout cœur, c'est que son sport obtienne l'agrément pour être une fédération. « Ça serait un beau cadeau pour nous récompenser des médailles que nous avons offertes à notre pays », ajoute-il avec humour.