Plus de 33% des maladies qui touchent des enfants de moins de 5 ans sont causées par un environnement malsain ! C'est le constat établi par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) dans un rapport rendu public le 16 juin dernier. Le rapport, intitulé « Prévenir les maladies par des environnements salubres — vers une évaluation de la charge des maladies environnementales », affirme, en outre, que jusqu'à 24% des maladies dans le monde sont causées par des expositions environnementales qui peuvent pourtant être évitées. 13 millions des décès sont dus annuellement à des causes environnementales évitables : les diarrhées, les infections des voies respiratoires inférieures et les différentes formes de lésions involontaires, mais aussi le paludisme sont les quatre principales maladies influencées par un environnement de mauvaise qualité. Alors que près du tiers des décès et des maladies qui surviennent dans les régions les moins développées sont provoquées du fait de l'environnement, le rapport estime que plus de 40% des décès des suites du paludisme et environ 94% des décès provoqués par des maladies diarrhéiques pourraient être évités par une meilleure gestion de l'environnement. Le rapport représente une contribution majeure aux efforts en cours pour mieux définir les liens entre environnement et santé, fait remarquer le docteur Anders Nordström, directeur général de l'OMS par intérim. « Nous avons toujours su que l'environnement avait une profonde influence sur la santé, mais ces estimations sont les meilleures qui aient été réalisées jusqu'à présent. Elles nous aideront à démontrer qu'investir de manière avisée dans la création d'environnements favorables peut constituer une stratégie efficace pour améliorer la santé et parvenir à un développement qui soit durable ». Ces estimations se basent sur un examen approfondi de la littérature ainsi que d'études menées par plus de 100 experts du monde entier. L'eau insalubre tuerait ainsi 1,7 million de femmes et d'hommes chaque année. Et 1,3 million d'autres seraient décimés par la pollution de l'air. Pour la première fois, un rapport révèle comment certaines maladies et lésions spécifiques sont influencées par des risques liés à l'environnement, précise le docteur Maria Neira, directeur du département santé publique et environnement à l'OMS. Pour abaisser ces chiffres, l'OMS considère que des mesures peuvent être prises dès maintenant. Notamment, la promotion d'un stockage sans danger de l'eau dans les logements, une meilleure hygiène, l'utilisation de combustibles plus propres et moins dangereux en passant par l'amélioration de la sécurité du milieu bâti, une utilisation et une gestion plus judicieuses des substances toxiques à domicile et sur le lieu de travail et une meilleure gestion des ressources en eau. L'OMS interpelle de ce fait les institutions publiques. Nous invitons les ministères de la Santé et de l'Environnement ainsi que d'autres partenaires à collaborer pour faire en sorte que ces améliorations en matière de santé publique et d'environnement deviennent réalité, indique Maria Neira. Soulignant qu'il est du domaine du possible d'éviter chaque année des millions de morts inutiles, l'OMS en appelle, par ailleurs, à une collaboration entre des secteurs tels que ceux de l'énergie, des transports, de l'agriculture et de l'industrie pour améliorer les causes environnementales profondes de la mauvaise santé. Les maladies liées à l'environnement qui représentent la plus grande charge annuelle totale en termes de mortalité, de morbidité et d'incapacité, ou d'années de vie ajustées à l'incapacité (DALY) sont : la diarrhée, les affections des voies respiratoires inférieures, les lésions accidentelles autres que les blessures à la suite d'accidents de la route, le paludisme, les traumatismes provoqués par des accidents de la route, la maladie pulmonaire obstructive chronique, maladie à évolution lente caractérisée par une perte graduelle de la fonction pulmonaire et les affections périnatales. La plupart de ces maladies déclenchées par l'environnement se classent aussi parmi celles qui tuent le plus, même si c'est dans un ordre de mortalité légèrement différent. Les maladies qui font dans l'absolu le plus grand nombre de morts par an en raison de facteurs environnementaux modifiables sont énumérées ci-après. Tous ces facteurs sont susceptibles d'être modifiés à l'aide de techniques, de politiques, de mesures préventives et de santé publique disponibles. Parmi les victimes de ces maladies, on compte notamment : 2,6 millions de décès annuels par maladies cardiovasculaires ; 1,7 million de décès annuels par maladies diarrhéiques ; 1,5 million de décès annuels par infections des voies respiratoires inférieures ; 1,4 million de décès annuels par cancers ; 1,3 million de décès annuels par maladie pulmonaire obstructive chronique ; 470 000 décès annuels des suites d'accidents de la route ; 400 000 décès annuels des suites de lésions accidentelles.