« Chouhada honorés et respectés ».Cette expression inscrite sur la façade d'une stèle érigée à la mémoire des martyrs de la guerre de Libération nationale n'a rien de vrai. L'état d'abandon dans lequel se trouvent celles des différents villages de la commune d'Aït Boumahdi en est la parfaite illustration. Ces monuments, symboles de notre révolution, sont en effet dans un état de dégradation avancé. Parmi les cinq villages de cette commune de plus de 6000 habitants, seuls ceux de Tiroual et d'Aït Aggâd sont épargnés de la destruction dont ont fait l'objet les stèles des villages de Timeghras, d'Aït Abellïali et du chef-lieu. Leurs clôtures sont arrachées et les plaques de marbre sur lesquelles ont été inscrits les noms de chahids commencent à tomber en petit morceaux, avons-nous constaté. Ils sont devenus, malheureusement, des espaces de jeux pour les enfants. Le grand monument de chahid au village de Timeghras, disposant d'une cave où sont enterrés les ossements des moudjahidine récupérés après la guerre, risque de s'effondrer d'un moment à un autre.« Il est inadmissible que les symboles de la révolution qui nous a permis de vivre libres et indépendants soient foulés aux pieds et que les pouvoirs publics ne fassent rien pour les sauvegarder », s'indigne âmmi Saïd, ancien moudjahid du village de Timeghras. Ainsi, quarante-deux ans après l'indépendance, nos martyrs ne sont plus respectés. Les autorités locales aussi bien que l'association des fils de chahids, censés veiller ces symboles de l'Etat, semblent être préoccupés par d'autres choses. Même l'habitude d'organiser des manifestations célébrant ces nombreuses dates qui ont marqué l'histoire de la guerre de Libération nationale a disparu depuis quelques années.