Le Forum des citoyens pour la IIe République qualifie le projet de révision de la Constitution de «nouveau marché de dupes». Tarik Mira, membre de ce mouvement, a commenté l'actualité de ces derniers jours, notamment la révision de la Constitution et l'impact des résultats de l'élection du 17 avril. Dans une contribution adressée à notre rédaction, M. Mira évoque la nécessité d'opérer une transition pour rompre avec les pratiques du pouvoir. Pour cet ancien député, la révision de la Constitution, qui a vu plusieurs reports, est aujourd'hui reprogrammée dans le but d'un reclassement interne des forces qui soutiennent le régime. «Malmenée plusieurs fois, le dernier acte étant la levée de la limitation des mandats, la Constitution est un paravent pour légitimer l'exercice solitaire et exclusif du pouvoir. La révision constitutionnelle vise, en ces circonstances pour le moins anormales, à doter d'un statut singulier l'homme providentiel qui préside aux destinées du pays depuis plus de quatorze ans», assène M. Mira. Il est persuadé que le système a atteint ses limites. Pour lui, la preuve a été donnée à travers les nouvelles consultations : «Ses consultations et ses initiatives ne trompent plus personne. Même le taux de participation officiel au scrutin présidentiel, gonflé à souhait, confirme le décrochage du peuple par rapport à ce jeu pipé organisé par un système finissant et anachronique, éclaboussé par la corruption et rongé par le tribalisme.» Eu égard à ces pratiques, M. Mira pense que la seule voie envisageable pour la rupture avec le régime réside dans une logique externe au système et passe nécessairement par une reprise en main de l'initiative politique et l'implication de la société en faveur de la chose publique. «Devant cette impasse créée par le pouvoir, la transition démocratique répond à l'impératif de sortie de cette crise de légitimité. Ce nouveau processus de légitimation est de nature à garantir, à terme, au peuple algérien son droit à l'autodétermination pour choisir librement ses dirigeants et son projet de société», estime Tarik Mira, tout en détaillant sa vision de la transition démocratique. De son avis, celle-ci visera à mettre en place les conditions de sortie du système de façon pacifique et graduelle et de l'engager dans la voie de la République sociale et de la modernité démocratique. Les mécanismes seront déterminés une fois ces conditions réunies. Pour le Forum des citoyens pour la IIe République, l'option de dépassement du système en place nécessite une rénovation constitutionnelle, juridique, politique et idéologique. «La séparation et l'équilibre des pouvoirs exécutif et législatif sont une exigence pour un fonctionnement institutionnel qui nous mettrait à l'abri de l'arbitraire, nous épargnerait des différents dépassements et nous préserverait des instrumentalisations politiciennes», précise M. Mira.