La classe politique semble vouloir sortir de sa longue nuit d'hibernation. La scène politique donne l'illusion de sortir de sa léthargie. Initiatives, propositions, alliances tous azimuts voient le jour. Leurs auteurs se bousculent au portillon à moins de neuf mois de la présidentielle d'avril 2014. Ce branle-bas de combat en prévision de l'investiture suprême manque visiblement de poigne et d'envergeure. Il traduit en évidence, selon plusieurs observateurs, d'abord l'absence incontestable d'autonomie politique et renseigne ensuite sur l' affaiblissement avéré de la classe politique. L'absence du Président a sans doute pris de court les cercles de décision. Elle semble même changer les scénarios considérés. Tout ce beau monde jusqu'ici en hibernation, s'est engouffré dans cette brèche entrouverte subitement dans un long et terrifiant statu quo inébranlable. La paralysie et le vide sidéral, dus essentiellement à la stratégie de statu quo ont tout à coup laissé libre court à l'expression politique. L'éclatement survenu dans le sillage de l'hospitalisation prolongée du président de la République en France, ne pourra de ce fait changer la donne dans le processus de la succession «ayant entamé sa dernière ligne droite», disent les analystes qui font état de quelques bruissements au sein des cercles du pouvoir. Dans l'hypothèse s'affirmant de plus en plus où le chef de l'Etat n'irait pas au bout de son mandat présidentiel, les regards seront braqués sur les éventuels prétendants qui ne tarderont pas à se manifester. Pour le moment, ils ne sont pas nombreux à faire part de leurs intentions. En attendant, on constate des signes avant-coureurs de l'avènement de la phase finale où les acteurs politiques tentent tant bien que mal, à la faveur de cette nouvelle donne, de peser dans les projections futures. Ainsi, après plusieurs mois de silence, Abdelllah Djabalah, président du Front pour la justice et le développement (FJD), a dévoilé le 1er juin à Alger son projet de révision constitutionnelle qui s'inspire de la Charia. Le FJD propose même de consacrer la primauté du politique sur le militaire. Le MSP, dont le chef, Abderrezak Mokri, donnant l'image d'un homme incarnant la rupture avec la stratégie de l'entrisme, ne serait qu'une pièce du puzzle préconçu, selon les certains observateurs. Tout en tendant la main aux décideurs en vue d'une coopération politique visant la construction de l'équilibre des pouvoirs, M.Mokri ne rate pas l'occasion de surfer sur la vague nationaliste. Le responsable du MSP qui affirme que son parti est hautement concerné par la présidentielle, fait savoir que des consultations et concertations pour unifier les rangs du MSP et du mouvement islamiste dans le pays, sont menées dans cette optique. L'autre initiative est liée à la revendication de la IIe République, un projet de longue haleine. Le trio parmi les ex-cadres et anciens députés du FFS et du RCD, en l'occurrence Abdeslam Ali-Rachedi, Hamid Ouzar et Tarik Mira se mettent au-devant de la scène politique sous prétexte de lancer la compagne pour la IIe République. Il est évident que la IIe République ne saura se réaliser que par un rapport de forces citoyennes. Cela d'une part, de l'autre, cette initiative doit passer par une période de transition de deux à trois ans, donc on voit mal l'impératif ou la justification de son lancement maintenant. Le président de Jil Jadid, Soufiane Djilali, et l'ex-chef du gouvernement, Ahmed Benbitour, ont été les premiers à concocter une alliance pour faire barrage au quatrième mandat de l'actuel président de la République, Abdelaziz Bouteflika, à la présidentielle de 2014. Cet ancien chef de gouvernement sillonne le pays à la recherche de soutiens pour sa candidature. Une stratégie comme une autre qui en dit long sur les manoeuvres et les appétits qui ont commencé à s'aiguiser et qui renseignent sur les chemins qui mènent au palais d'El Mouradia.