La présidente du Sénat belge, Anne-Marie Lizin, qui a visité en mars Guantanamo pour le compte de l'OSCE, a souhaité vendredi que les Etats-Unis annoncent sans tarder un calendrier de fermeture de Guantanamo, suggérant qu'elle devrait intervenir au plus tard fin 2007. Mme Lizin, représentant spécial du président de l'assemblée parlementaire de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, présentait à Washington un rapport sur Guantanamo qui sera remis à l'OSCE la semaine prochaine. Elle y fait le point de la situation après une visite le 3 mars et formule des recommandations, après celles prônées dans un premier rapport remis en juillet 2005. « La première des choses » que les Etats-Unis devront faire, c'est « d'annoncer le plus rapidement possible le démantèlement du centre de détention de Guantanamo » et de présenter « un calendrier précis et détaillé du transfert des prisonniers », a dit Mme Lizin lors d'une conférence de presse. « Selon le rapporteur, il est réaliste que ce calendrier s'étale de juillet 2006 à décembre 2007 au plus tard », a-t-elle ajouté. « On ne peut pas se contenter de dire quand on est à la tête d'un pays comme les Etats-Unis ‘‘I wish to close'' (j'aimerais fermer). Non ! Quand on veut fermer, on doit pouvoir dire : ‘‘Voilà le délai, je vais le faire comme cela'' », a indiqué Mme Lizin, première personnalité politique européenne à avoir visité Guantanamo (Cuba). Des prisonniers pourraient être transférés dans leur pays et d'autres pourraient être jugés, a-t-elle ajouté. Le nombre de ceux-ci, selon les autorités américaines à Guantanamo, s'élèverait de « 70 à un peu plus de 100 mais pas plus », d'autres estimant ce chiffre à « seulement entre 30 à 40 » détenus, a dit Mme Lizin. « Selon les informations officielles, il reste aujourd'hui près de 460 détenus », souligne le rapport. Dans son rapport, Mme Lizin recommande « la création d'une commission internationale d'experts juridiques » chargés de « poursuivre une réflexion sur un éventuel développement du droit international en ce qui concerne la question générale des ‘‘nouvelles catégories de combattants'' et de l'évolution récente du terrorisme international ». Selon les responsables de la prison, « près de 70 » détenus sont « manifestement des militants particulièrement dangereux », ajoute le rapport. « Les responsables de Guantanamo Bay affirment qu'actuellement 125 détenus possèdent toujours des informations exploitables et que 35 d'entre eux sont interrogés régulièrement », poursuit le rapport. « Selon les dires des interrogateurs rencontrés, les techniques d'interrogatoire autorisées parmi les plus agressives (...) ont été abandonnées au profit de techniques psychologiques non violentes et non coercitives », ajoute-t-il. S'agissant de la santé mentale des détenus, le rapport indique que 12% développent des troubles anxieux et près de 17% développent des troubles psychotiques. « On note encore 35% de troubles de la personnalité chez les détenus, ce qui est également élevé », ajoute-t-il. La délégation de l'OSCE n'a pas pu rencontrer les prisonniers.